« T’as pécho ? », rien à dire !

T’as pécho ?
d’Adeline Picault
Comédie
Avec Paul Kircher, Inès d’Assomption, Ramzy Bedia, Vincent Macaigne, Sophie-Marie Larrouy
Sorti le 29 juillet 2020

Losers en drague, Arthur et ses copains puceaux décident de se faire aider par Ouassima, la fille « cool » de leur lycée, en la payant pour des cours accélérés de « péchotage » dans les vestiaires de la piscine municipale. Amoureux transi de Ouassima, Arthur en profite pour entamer une relation d’amitié avec celle-ci, tandis qu’elle sort simultanément avec le beau gosse du bahut. Pendant ce temps-là, le père surprotecteur de Ouassima garde un œil inquisiteur sur sa progéniture et la mère d’Arthur s’envoie en l’air avec le maître-nageur.

Ni déplaisant ni vraiment touchant ou drôle, T’as pécho ? est le digne représentant d’un cinéma du milieu, divertissement mollasson, en aucun cas film d’auteur, quelque part entre le « feel good movie » et la comédie « douce amer ». Bref, il entre dans tous les clichés de la description peu inspirée de produits tout aussi peu excitants. Tous les poncifs du « teen movie » basique sont là : la fille cool donc, le boutonneux qui devient beau, le(s) couple(s) improbable(s), les parents gênants, le meilleur pote qui fait son coming-out, etc. Le casting de jeunes acteurs est forcément inégal, les acteurs plus expérimentés font le minimum syndical (excepté peut être Sophie-Marie Larrouy)…. Bref, tout participe à la médiocrité uniformisée et institutionnalisée de l’ensemble.

Ce qui est dramatique concernant ce type de comédie, c’est qu’il n’y a strictement rien à en dire. Parce qu’il n’y a pas de véritables reproches à lui faire, tout est bien agencé, bien exécuté. L’absence totale d’ambition formelle ou cinématographique fait immédiatement échapper ce genre de film à l’analyse, qu’elle soit critique ou non. Cette observation ne s’applique d’ailleurs pas spécialement à ceci en particulier mais à la majorité de ce qui est actuellement produit en termes de divertissements et même de films d’auteurs ou désignés comme tels. Plus précisément, elle s’applique à la grande majorité de ce qui est distribué par-delà nos contrées. Le défaut de point de vue, de regard, n’est pas seulement celui des cinéastes mais aussi probablement celui des producteurs, des distributeurs et, bien entendu, des spectateurs. Ce qui est certain, c’est qu’il semble de plus en plus difficile pour quelqu’un qui garde l’envie naïve de parler de films, de cinéma, d’émotions retranscrites et/ou éprouvées devant un écran, d’apporter un témoignage pertinent sur l’actualité des sorties, d’avoir quelque chose d’intéressant à dire sur des œuvres qui n’ont-elles-mêmes rien à dire.