« The Belgian Wave », objet filmique peu identifiable

The Belgian Wave
de Jérôme Vandewattyne
Comédie
Avec Dominique Rongvaux, Karim Barras, Karen De Paduwa
Sortie le 13 décembre 2023

Entre novembre 1989 et juillet 1991, plusieurs milliers de témoignages relatant l’observation d’un étrange phénomène furent recensés en Belgique : les personnes interrogées ayant toutes observé un triangle dans le ciel, frappé de trois lumières et ne semblant répondre à aucune loi physique connue.

C’est en enquêtant sur cette « Vague belge » que le journaliste Marc Varenberg et son caméraman disparaitront de la circulation, n’ayant plus jamais été revus depuis lors. Trente ans plus tard, Karen et Elzo chercheront à élucider ce mystère !

En adoptant une esthétique propre aux films de Jean-Pierre Jeunet ou de Terry Gilliam, The Belgian Wave cherche à livrer un long-métrage ambitieux, tant dans son traitement que dans son apparence. Le recourt aux gros plans déformants et la mise en place de situations impliquant des substances hallucinogènes rappelleront ainsi La Cité des enfants perdus (Jean-Pierre Jeunet, 1995) ou Las Vegas Parano (Terry Gilliam, 1998). Avec, çà et là, quelques touches de Projet Blair Witch (Eduardo Sánchez, Daniel Myrick, 1999).

Cependant, malgré ces emprunts stylistiques, le film peinera à se trouver une réelle identité, passant de la comédie à la science-fiction puis du trip expérimental aux atmosphères horrifiques, sans réellement assumer pleinement aucun de ces styles. En ressortira un manque de cohérence permettant peu au spectateur de se plonger pleinement dans l’intrigue ; ou du moins de comprendre où ce Belgian Wave cherchera à l’emmener.

Dès lors, certaines séquences pourront parfois tomber à plat. Comme par exemple, une scène en particulier où un personnage mangera un poivron sans la moindre raison : scène surréaliste et hilarante dans l’absolu, mais survolée de telle façon qu’aucune place ne sera réellement laissée au rire. Cette rapidité dans la transition ne permettant par conséquent pas toujours d’apprécier l’inventivité du long-métrage.

En résulte un film alourdi par son ambition et par une utilisation abusive de gros plans, de caméra à l’épaule et de lumières colorées. Choix sera alors laissé au spectateur de s’arrêter (comme nous) à toutes ces lourdeurs stylistiques, ou au contraire de se laisser emporter par ce voyage expérimental et parfois surréaliste – quitte à en perdre sa cohérence.

The Belgian Wave est en somme une expérience qui divisera probablement le public, entre ceux qui verront l’ensemble au premier degré et ceux qui sauront se laisser transporter par cette vision psychédélique sans chercher à y trouver de réel pragmatisme.