« Gorge d’or », destins tumultueux au cœur de la forêt finlandaise

Titre : Gorge d’or
Autrice : Anni Kytömäki
Éditions : Rue de l’échiquier
Date de parution : 31 août 2023
Genre : fiction (roman réaliste)

Premier roman d’Anni Kytömäki, Gorge d’or célèbre la nature finlandaise tout en dépeignant une jolie ode à la vie. Tout droit venu de la péninsule scandinave, cet épais ouvrage est émouvant et singulier.

Se déroulant de 1903 à 1937, le récit a un fort ancrage historique ; les personnages sont confrontés aux grands événements qui ont marqué la Finlande. Au début du roman, nous suivons la destinée entrelacée de deux personnes que tout semble opposer. Erik Stenfors est le fils  d’un riche entrepreneur forestier. Depuis son manoir perdu dans la forêt, il apprendra à aimer la nature et à contempler les oiseaux. En grandissant, il s’opposera aux tentatives de déforestation de son père. En parallèle, il fait la rencontre de Lidia, militante issue de la classe ouvrière et qui connaît les moindres recoins de la forêt. Ce topos est stéréotypé mais les émotions transmises par l’autrice sont vraies et délicates. Anni Kytömäki fournit aussi de très subtils tableaux du monde ouvrier qui sont dignes d’un Zola.

En dehors des aventures humaines, Gorge d’or donne à la nature un rôle central. Plus qu’un simple cadre ou décor, les éléments naturels font partie intégrante de ce roman. L’autrice s’attarde sur les moindres détails qu’offre l’épaisse forêt finlandaise si bien que le lecteur a l’impression d’y être. Il faut donc s’attendre à un rythme narratif particulièrement lent. Néanmoins, grâce aux descriptions poétiques de la nature, ce livre, page après page, calme et apaise. Il invite à retourner aux éléments et énergies élémentaires dans un geste presque méditatif. Au regard de l’actualité écologique, Gorge d’or semble opportun. La lutte contre l’industrialisation et la connexion à la nature décrites dans ce roman résonnent fortement avec nos préoccupations contemporaines.

Le style d’Anni Kytömäki est recherché et travaillé (même si cela a tendance à casser le rythme du récit).  Les adjectifs sont choisis avec minutie. La traduction d’Anne Colin du Terrail rend très bien les subtilités de la langue finnoise. Au regard de la spécificité du vocabulaire et de la dynamique de l’intrigue, ce roman serait plutôt à conseiller à un lectorat averti.