Fin d’Anima 2024 : Retour sur terre

Lundi, le paquebot a recouvré son sérieux. Les adultes sont redevenus des adultes. Ils ne rient plus a gorge déployée en voyant Linda attraper son poulet à la canne-à-pèche. Ils ne se gavent plus de crêpes au chocolat entre deux invasions d’aliens. Ils ne s’enfilent plus des dessins animés jusqu’à s’en faire saigner les yeux. Le monde réel a repris peu à peu ses droits. Et Flagey, ses quartiers.

Mais ne nous laissons pas envahir par la nostalgie. Au contraire, célébrons. Anima a tenu ses promesses. Celui de fédérer son public autour d’un art qui, le reste de l’année, se veut l’apanage des plus petits. Ce retour en enfance, il faut dire que les Bruxellois en ont bien besoin. La preuve, Anima a encore battu ses records. Une hausse de 11 % de la fréquentation a été notée par les organisateurs. Cinquante séances ont affiché sold-out et près de 30.000 spectateurs se sont amassés dans les salles de la capitale. Heureusement que le festival s’est étendu au Marni. Le théâtre, en ouvrant son bar, a rendu les entractes bien moins fatigants qu’en 2023, quand il fallait jouer du coude à Flagey pour espérer prendre un verre.

Plus agréable et pas moins qualitative. L’édition 2024 est un succès. D’ailleurs, son palmarès montre que le dessin animé peut, lui-aussi, être porteur de messages forts. Grand vainqueur cette année, Sultana’s Dream d’Isabel Herguera (prix du meilleur long-métrage) est une percée dans l’Inde actuelle, explorant les questions de féminité et d’identité. Dans la même catégorie, c’est The Peasants de DK et Hugh Welchman  (prix du public pour le meilleur long-métrage) qui a impressionné les spectateurs avec son intérêt pour la Pologne rurale et son cachet visuel obtenu de la succession de peintures à l’huile. Sans surprise chez les enfants, puisqu’il rafle toutes les récompenses des festivals dans lesquels il est projeté, Linda veut du poulet de Chiara Malta et Sebastien Laudenbach a détrôné ses concurrents en raflant les deux prix de sa catégorie (prix du meilleur long-métrage pour enfants et prix du public pour le meilleur long-métrage enfant).

En ce qui concerne les courts, Nina Gantz est saluée pour l’humour et l’humanité dont elle fait preuve dans son Wander to Wonder (grand prix du meilleur court-métrage). Deux explorations très différentes de la nature ont également été récompensées : La nuit blanche d’Audrey Delepoulle (prix du meilleur court-métrage étudiant) et The Waiting de Volker Slecht (prix spécial du jury). Le public, lui, succombera au charme des Pissenlits par la racine de Chloé Farr (prix du public pour le meilleur court-métrage). Les jurys enfants, que rien ne répugne, donneront leurs voix à Beurk de Loic Espluche (prix du meilleur court-métrage pour enfant). Tandis que chez les Belges, c’est la quête capillaire de Nicolas Keppens dans Beautiful Men qui sera primée (prix du meilleur court-métrage belge).

L’entièreté du palmarès est disponible sur le site Anima. Et si votre âme d’enfant vous manque déjà et que vous avez peur d’un excès de raison, Sooner se laisse envahir par les dessins animés pendant encore un mois.