Bug Tome 3, un manque de profondeur

Scénario : Enki Bilal
Dessin : Enki Bilal
Éditeur : Casterman
Sortie : 16 mars 2022
Genre : Science-fiction

Trois ans après le second tome, le livre 3 de Bug est enfin sorti. Bien entendu, la première pensée qui nous vient à l’esprit face à une sortie qui s’est faite aussi longtemps attendre est de savoir si le temps d’attente en valait la chandelle? Au risque d’en décevoir certains, la chandelle est certes très belle mais éclaire bien peu.

Année 2042, le monde est toujours la proie de ce bug numérique; téléphonie services hospitaliers, énergies, moyens de transports et humains implantés compris sont à l’arrêt. Quand certains ont choisi de faire un pas en arrière, d’autres espèrent encore recouvrer toute leur splendeur numérique.

Alors que l’action était maîtresse et les planches nerveuses dans les deux premiers opus de la série, ce troisième livre est plus lent, jusqu’en dans ses planches qui nous donnent à vivre des instants plus calmes, plus aériens et moins centrés sur l’action. Dès lors, on se concentre sur les personnages et les rapports de pouvoir qu’ils exercent entre eux.

En surface

Si l’auteur lève le voile sur quelques caractéristiques liés aux protagonistes principaux – notamment ces mystérieuses taches bleues qui sont apparues sur le visage de Obb, Gemma et du docteur Junia Perth – il n’a malheureusement pas le temps d’installer et d’approfondir la psychologie de tous les intervenants, ce qui nous laisse un goût de trop peu.

Pour ce qui est de l’intrigue, même si celle-ci évolue, ce qui nous donne tout de même envie de poursuivre la lecture, le tout avance bien peu. Enki Bilal ne fait qu’effleurer les conséquences géo-politiques de ce fameux bug ; entre jeu de pouvoir et d’égo, résurgence de mouvements politiques néo-radicaux, l’intrigue s’effiloche et reste en surface.

Si ce troisième livre brille par son esthétique, celui-ci n’emporte pas le lecteur plus loin que le bout du nez d’une réflexion certes intéressante mais pas innovante sur notre monde et notre société. Un creux de vague qui espérons le, annonce des sommets pour la suite.