« Là où chantent les écrevisses », une adaptation entre respect de l’œuvre et manque de profondeur

Là où chantent les écrevisses
d’Olivia Newman
Drame, thriller
Avec Daisy Edgar-Jones, Taylor John Smith, Harris Dickinson
Sorti le 17 août 2022

Le film Là où chantent les écrevisses tire son origine du roman bestseller éponyme, écrit par Délia Owens. Olivia Newman l’a ensuite adapté en film.

L’histoire raconte la jeunesse de Kya, livrée à elle-même dès ses 10 ans suite au départ des membres de sa famille. Des départs sans retour et sans nouvelles, qui la laisseront face au besoin de survivre par ses propres moyens au sein du marais dans lequel elle a grandi. C’est de cette manière qu’elle continuera à vivre non loin de Barkley Cove, une petite ville de Caroline du Nord. Peu nombreux sont ceux qui essayeront de la connaitre. Préférant la laisser vivre dans une profonde solitude. Le marais deviendra alors pour elle son refuge, sa famille, son professeur. Aux environs de ses 25 ans, le corps de Chase, son ancien amant, sera retrouvé et les doigts se pointeront sur elle sans aucune preuve.

« Un marais n’est pas un marécage. Le marais, c’est un espace de lumière, où l’herbe pousse dans l’eau, et l’eau se déverse dans le ciel »

Nombreux sont ceux qui diront que voir le film après avoir lu le roman n’est pas une chose à faire parce qu’on sera forcément déçu. Il est vrai que, dans ces cas-là, notre imaginaire est souvent mis à mal au profit d’images toutes faites. Dans ce cas-ci, la réalisatrice a essayé de respecter l’idée originale par plusieurs aspects : la nature est filmée de façon à rester un personnage à part entière du film, les va-et-vient temporels sont observés. On sent également la solitude de Kya interprétée par Jojo Régina (enfant) et Daisy Edgar-Jones (adulte).

Cependant, on peut noter que le jeu des acteurs n’est pas assez élaboré. En effet, l’actrice qui commence à se faire connaitre depuis son interprétation dans Normal People en 2020, ne rend son personnage nuancé que vers la fin du film. Avant cela, on peut la voir comme une oie blanche victime des personnes qui l’entourent. Ce qui est fort dommage vu la complexité du personnage qu’est Kya. De plus, Tate (Taylor John Smith) et Chase (Harris Dickinson) restent dans un jeu assez plat. On pourrait dire de manière assez clichée que Tate est le gentil blond aux yeux bleus et Chase le méchant aux cheveux foncés. Aucune évolution des protagonistes masculins n’est réellement mise en avant et ce, jusqu’à la fin.

Néanmoins, les personnages de Mabel Madison (Michael Hyatt), Jumpin (Sterling)et la jeune Kya (Jojo Regina) sortent du lot, relevant ainsi un film quelque peu monotone. En effet, leurs interactions entre eux et avec les autres personnages peuvent nous faire ressentir aussi bien leurs troubles que leurs chaleurs et leurs envies d’aider l’autre. Des interprétations qui sonnent juste par leur sincérité.

Ce film de plus de deux heures aurait pu être très bon, il aurait pu apporter sa plus-value à l’histoire originale tout en y déposant sa propre marque. Il n’est cependant pas mauvais pour autant. Il reste agréable à voir tout en manquant malheureusement de profondeur.