[BIFFF 2020 (ou presque)] Le cinéma russe : pour le pire et le meilleur… (Bonus : Jackie Chan Vs Schwarzee)

C’est un fait, le cinéma russe est de plus en plus florissant et propose chaque année des dizaines de nouveaux films de tous les genres. Mais loin des maîtres d’une autre époque, on a parfois l’impression que le cinéma russe privilégie plus la quantité que la qualité. Ce qui donne un résultat très mitigé avec quelques chouettes films et pas mal de bouses, un peu comme un nouveau cinéma qui aurait pas mal d’argent mais qui ne saurait pas quoi en faire. Depuis quelques années, le BIFFF propose plusieurs de ces films, comme le pas trop mauvais Ice Breaker ou le potable Attraction, mais il a fallu aussi supporter les très mauvais The Scythian, Dragon : Inside me ou Viy. Et force est de constater qu’à chaque fois, ils tente de copier le cinéma américain avec un budget proche mais accumulant tous les clichés et le kitsch des grosses productions. Ce qui localement peut fonctionner, mais a du mal à passer les frontières et rassasier un public occidental déjà rôdé à cette cinéphilie que les Russes tentent de copier. Les 4 films sélectionnés pour cette (fausse) édition de 2020 symbolisent l’impression que l’on a de ce cinéma.


Abigail, le pouvoir de l’élue : un sacré bordel

Abigail est une jeune fille qui a perdu son père il y a quelques années à cause d’une pandémie qui oblige sa cité à vivre entourée de fortifications. Mais elle est pas convaincue de tout ce qu’on lui raconte et elle est sûre que son père est vivant. Le tout dans un visuel steampunk (le film est basé sur les romans steampunk de Nick Perumov, Les aventures de Molly Blackwater). Jusque là tout va bien. On sent qu’il y a une dictature et que l’éradication des sujets atteints d’une prétendue pandémie est le noeud de l’action. Et c’est à ce moment que le joyeux bordel commence ! La pandémie est une excuse pour emprisonner des citoyens qui ont des pouvoirs magiques et Abigail se retrouve avec un groupe de résistants qui portent de fausses moustaches et des perruques ignobles, où il y a un mec qui fait des potions cheloues, où il y a un beau gosse pour la love story, etc. Ce sont des résistants qui veulent tout renverser mais n’aime pas ceux qui ont de la magie et qui sont enfermés, qui sont traquées mais se promènent sans problèmes dans la cité, etc. Tout va très vite, on comprend pas toujours tout ce qu’il se passe et au final on s’ennuie ferme devant cette épopée qui se permet pourtant quelques jolis plans de magie colorée. L.S.

(si vous n’avez pas compris tout ce qui est décrit ci-dessus, c’est normal)

Evil Boys (Tvar) : 1h30 de perdue

« Tiens Olivier, t’irais pas voir le film russe avec le gosse zombie au ciné 7 à 16h ? ». C’est avec ce genre de phrase que les ennuis commencent. Pourtant, tout n’avait pas mal commencé. Le concept du film pouvait même laisser entrevoir une chouette séance : une famille en deuil de son fils adopte une sorte d’enfant sauvage qui se révèle être une entité maléfique qui se change en la chose dont vous portez le deuil. Eh bien si cet enfant maléfique venait me voir maintenant, il prendrait instantanément la forme des 1h30 que j’ai perdues en regardant Evil Boy. Les acteurs jouent mal, les incohérences sont plus nombreuses que les clopes fumées par mon rédacteur en chef en un BIFFF et le montage a visiblement été fait par un mec bourré et trop pressé d’aller continuer sa soirée avec ses potes que pour bien faire son boulot.

Bref, Evil Boy, c’est la preuve que le cinéma russe c’est comme ta copine après votre première sodomie, ça ne sent pas toujours la rose. O.E.

The Mystery of the Dragon Seal : Jackie Chan Vs Arnold Schwarzenegger

En 2015, on a dû subir le grand succès du cinéma fantastique russe : Viy. Basé sur une nouvelle de Nicolas Gogol, La légende de Viy, on suit les aventures de Jonathan Green, un cartographe anglais en voyage scientifique en Europe de l’Est qui va devoir mettre ses penchants rationnels de côté pour combattre une sorcière pas gentille. C’était un pur navet dégueulasse avec au casting, le mercenaire Jason Flemyng (qui a dû tourner dans tous les pays du monde) et à la coproduction, l’infâme Uwe Boll, roi des navets insupportables.

C’est avec cet a priori très peu favorable qu’on s’attaque à la suite : The Mystery of the Dragon Seal (mais qui s’appelle aussi Viy 2 : Journey to China ou The Iron Mask). A priori, cette fois, plus de Uwe Boll, mais plutôt la tune des chinois et leur milliard de spectateurs potentiels ! Et c’est peut-être ce qui finalement sauve le film (surtout par rapport à son prédécesseur). D’un côté, on a toujours cet esprit russe de décors en toc, de moumoutes dégueulasses et des effets spéciaux qui sont superbes pendant une minute et infâmes la minute suivante. Mais l’implication des chinois dans la danse amène un plaisir coupable à suivre ces aventures (quoique banales) au pays de Soleil Levant. On y retrouve la mythologie chinoise, les combats chorégraphiés, leur folie visuelle et surtout Jackie Chan et Arnold Schwarzenegger ! Ils sont là en guest star mais on aura droit pour la première à un combat entre les deux légendes et rien que pour ça, on a bien envie de voir ce film ! L.S.

Why don’t you just die : western spaghettivitch

La première rencontre avec les beaux-parents n’est jamais facile. Que ce soit à cause des regards scrutateurs de belle-maman ou du t-shirt « Je sais comment cacher un corps » qu’a choisi beau-papa pour l’occasion. Mais pour Matvey, la rencontre atteint des sommets. Notre petit soviétique est venu faire une reprise de « Si j’avais un marteau » sur la tête de beau-papa pour venger sa copine qui lui a révélé que ce dernier avait joué à touche-pipi avec elle dans son enfance. Placez quelques « nenni », remplacez la vodka par de la carapils et vous aurez un après-midi habituel à Verviers.

WDYJD (on va l’appeler comme ça pour plus de facilité), c’est la preuve de l’expansion du cinéma russe dans le fantastique, l’horreur et le thriller. Loin des films caricaturaux, nos amis russes arrivent cette fois à se diversifier comme le démontre cette comédie horrifique décalée et parfaitement rythmée. Visuellement, le film est magnifique malgré quelques exagérations notables (apparemment, les Russes et les Indiens ont les même kiffs sur les slow motions à gogo). La réalisation de Kirill Sokolov se prend même des airs de western spaghetti à plusieurs moments entre règlements de compte, duels de gros guns et coups de pétard dans le dos. On n’aurait pas pu rêver mieux pour cette séance de 16h30 histoire de se chauffer un peu avant une soirée qui s’annonce dantesque. O.E.

Loïc Smars et Olivier Eggermont

A propos Loïc Smars 484 Articles
Fondateur et rédacteur en chef du Suricate Magazine