BIFFF 2017 : entre clichés et what the fuck complet

Dragon : La Belle et la Bête version lézard

C’est parfois à se demander ce qu’il passe par la tête des scénaristes de certains films. Et là, des questions existentielles ses posent. Georges Lucas était-il bourré au moment d’inventer le personnage de Jar Jar Binks ? Le scénariste de A Serbian Film est-il devenu serial killer depuis la sortie du film ? Le scénariste de Dragon pensait-il vraiment avoir une idée originale au moment d’écrire le script ? On en doute fortement. Car le film balance des gros clichés à la sauce Disney tout son long. Une belle princesse promise à un homme fort et valeureux (qui s’avèrera bien entendu être un fils de pute notoire) et qui est enlevée par un monstre pouvant prendre forme humaine. Cependant, syndrome de Stockholm oblige, la princesse va finir par kiffer son geôlier. Bref, ce Dragon surfe allègrement sur la vague Disney avec des relents de Twilight en prime. Et le cocktail passe mal, très mal.


Bad Cat : Le Garfield Turc



Shero est un chat qui parle mais mal. Shiro est un chat qui drague mais salement. Shiro est un chat qui profite de la vie mais en volant et en picolant. Et un jour, tout change : il est poursuivi par un humain zombie qu’il a défenestré, se retrouve avec un fiston sous les bras et rencontre la perfection féline.

 On avait un peu la frousse en voyant approcher un film turc, d’animation de surcroît. Mais malgré des défauts de longueur dans l’histoire, le ton est irrévérencieux comme il faut, l’humour est parfois potache mais réjouissant et plus étonnant encore pour un film d’animation ne bénéficiant pas du budgets des cadors du genre, l’image est belle et l’animation plus que correcte. Bad Cat ne va surement pas rester longtemps inconnu au bataillon.


Nails : un homme avec le doigt long

Le pauvre Eric Nilsson se fait appeler Nails par tous ses patients lorsque ceux-ci se rendent compte qu’il collecte leurs ongles coupés. Alors, dans une réaction tout à fait saine et logique, il décide de tuer cinq petites filles pour apprendre à tout le monde qu’il ne faut pas le faire chier et se suicide dans la foulée. YOLO comme diraient les jeunes. Et le bougre va revenir pour emmerder Dana, jeune sportive, vegan,… transféré dans son hôpital après un accident de jogging. Eh oui, courir c’est mauvais pour la santé ! Voilà le pitch de base de ce très efficace Nails. Rien de bien nouveau sous le soleil me direz-vous ? Et alors ? Même s’il ne renouvelle pas le genre, ce Nails joue très bien avec les codes du film horrifique. Boosté par une réalisation efficace et par une bon casting, le film était à coup sûr parfait pour un festival comme le BIFFF. Et même si le réalisateur abuse parfois des jump scare, on lui pardonne volontiers. Parce que finalement, ça c’est un bon film du !


Attraction : Le blockbuster russe



L’ambition actuelle des russes ? Marcher sur les plates bandes des Amerloques en terme de nanar à gros budget avec pour héros, Roland Emmerich et Michael Bay. Dans notre premier article, on l’avait glissé dans notre top 10 des attentes, alors que penser de cette invasion Alien ?

 C’est effectivement digne d’une super production américaine pour son côté crétin et la pauvreté de son scénario. Et si visuellement ils s’approchent des anglos-saxons, ils vont peut être devoir encore de bouger sur certaines choses. Genre les ralentis ratés à outrance et les raccourcis simplistes de l’histoire. Mais pourtant c’est joli. Et on ne voit pas les 2h10 défiler. Alors, le pari russe, raté ou réussi ? Aucune idée mais c’est tout de même assez réjouissant de voir enfin un autre pays chatouiller le fond de commerce hollywoodien. On se retrouve demain pour le blockbuster slave suivant : The Icebreaker, l’histoire d’un bateau et d’un iceberg mais sans Di Caprio.


Strangled : magyar killer

Le communisme selon Philippe Poutou, c’est redonner du pouvoir à tous les gentils ouvriers face aux méchants capitalistes qui les oppressent. Car oui, le programme de Poutou est aussi manichéen qu’un film de Disney. Mais le communisme en Hongrie dans les années 60, c’est plutôt faire accuser un mec pour un crime qu’il n’a pas commis, tout ça pour contenter le parti et montrer que la justice fonctionne. Sauf que pas de bol, le vrai tueur refait surface quelques années plus tard histoire de se refaire quelques barres de rire. Cette réalisation inspirée d’une histoire vraie arrive à nous plonger dans un monde obscur fait de cadavres à la pelle et de nécrophilie. Plutôt sympa non ? Et si le film est finalement un peu trop long, il arrive tout de même à être cohérent et à contenter les fans de thriller que nous sommes. À mi-chemin entre thriller politique et serial killer movie, ce Strangled a reçu un très bon accueil critique en Hongrie. On comprend pourquoi !


This Giant Papier-Mache Boulder is actually really heavy : du WTF culte

Rien qu’avec le titre du film, on avait déjà tout compris. Non, la réalisation de Christian Nicolson n’allait pas être bourrée d’effets spéciaux, de sang ou de monstres. Oui, ça allait partir en couille ! Car TGPMBIARH (pour les intimes), c’est plutôt ça : du cinéma What The Fuck à petits moyens propulsé au rang du culte ! Une réalisation fauchée assumée qui réussit tout de même à avoir plus de scénario que durant toute la saga Twilight ! Le film assume totalement son côté cheap et le revendique même, l’utilisant comme une arme. Et le pire, c’est que ça marche ! Bien sûr, ce genre de film aura toujours son lot de critique. Mais il fallait oser faire ce qu’a fait Christian Nicolson durant près de deux ans ( !) de tournage. Et rien que pour ça, nous on dit chapeau l’artiste ! Car oui, ce TGPMBIARH nous aura fait rire et non, je n’écris pas juste ça parce que le réalisateur a décidé de s’asseoir à côté de moi, de sorte que j’étais obligé de faire attention au film cette fois. Mais tel un discours de Jean Lassalle : hypnotisant mais incompréhensible, le film nous laisse avec un sourire aux lèvres et le sentiment que si c’était à revoir, on foncerait !

Loïc Smars et Olivier Eggermont

A propos Olivier Eggermont 117 Articles
Journaliste du Suricate Magazine