BIFFF 2015 : entre boentjes et gras

I heb een boentje voor jou

Danny's doomsday

Dannys Dommedag qui en Danois veut dire Danny’s doomsday, manque un peu de viande sur ses os pour amuser son Biffeur.

Pur jus du terroir Danois, on suit l’histoire de Danny (William Jøhnk Nielsen) un jeune adolescent à l’âme d’artiste, au coeur grand comme ça, qui a un gros boentje pour sa camarade d’école. L’amourette naissante est réciproque et il suffirait d’un petit coup de pouce du destin pour que notre brave héros entame son odyssée, attrape du poil au torse et des couilles au cul.

Ca tombe bien : une drôle de variété de bestiole entre le poisson rouge, le rat mutant et le le loup-garou envahit justement la terre (ou seulement le Danemark, allez savoir). Danny doit faire montre d’audace, prendre en main les rennes de sa vie et battre les champs pour délivrer sa maman des griffes des « øőóöœõôòø » (c’est comme ça que je les appele, ça sonne très Danois). Il lui faut une heure pour s’échauffer.

Le vrai héros du film est le petit frère ; William a déjà tout ce qu’il faut pour faire un homme, le démontre à plusieurs reprises et se fait malgré tout voler la vedette par son grand trouillard de frangin. C’est bien dommage, on aurait aimé voir le film oser retourner le cliché sur son nez. Après avoir introduit Danny, on aurait vu William sauver le monde et piquer la copine de son frère, pendant que celui ci se fait violer par Adam, le bûcheron local. On aurait ri.

Au lieu de cette excellente idée, on suit la structure un peu trop classique du passage à l’âge adulte dans un monde rempli de « øőóöœõôòø ». Il aurait fallu un peu plus de tension et un peu moins de bavardages. Les monstres sont très bien faits (même si on les voit peu), et une certaine compétence dans la mise en scène rendent l’ensemble très regardable.

Au total, on ne s’ennuie pas vraiment mais le film traîne un peu malgré tout. Il aurait fallu quelques rebondissements bien juteux, et que le personnage de William reçoive son petit moment de gloire (sous la forme d’un câlin par exemple) pour donner un produit plus intéressant. Sympa, sans plus.

Words with Gods

Words with Gods

Lorsque neuf réalisateurs incroyablement talentueux unissent leurs efforts pour produire un film sur les différentes croyances à travers le monde, cela donne Words with Gods. Loin de la tripaille et des scènes bien poisseuses de sang propre au BIFFF, cette réalisation nous emmène dans la confidence des croyants à travers le monde. De manière très sobre mais aussi très imagée, le film nous propose de voir comment différentes personnes vivent leur foi et leur rapport avec leur dieu. Le problème avec ce type de réalisation, c’est bien entendu son inconstance. En effet, tous les réalisateurs ont beau être talentueux, certains le sont plus que d’autres et bien entendu, certaines parties de Words with Gods vaudront plus le détour que d’autres. Mention spéciale pour la partie dirigée par Alex de la Iglesia, sans aucun doute la meilleur du film. Au final, ce long-métrage nous plonge dans différentes cultures qui nous sont inconnues et nous fait voyager à travers le globe tout en nous faisant passer un bon moment. Pas encore divin, mais certainement d’enfer.

Blagues grasses et humour bête

Torrente

En 2018, l’espagne s’est faite bouter hors de l’europe et est retournée aux Pesetas. Torrente, flic déchu, sorti de prison sans un sou à son nom, se met en tête de devenir un truand digne de ce nom et décide de cambrioler Eurovegas, massif casino Espagnol. Heureusement il est en contact avec Alec Baldwin qui a conçu les systèmes de sécurité du casino.

Torrente est le genre de films à l’humour de bête qui fait un tabac au BIFFF. Ca parle de loches toutes les cinq minutes, les blagues sont bien lourdes et bien grasses, les personnages sont bêtes juste comme il faut, mais sont aussi tellement courageux dans leur stupidité qu’ils en sortent la tête haute.

Le film trouve un équilibre très juste entre blagues racistes et blagues sexistes. C’est surprenamment drôle. Le trailer donne l’impression d’un film bête à souhait qui deviendrait rapidement insultant de bêtise, mais la réalité est qu’il en sont au cinquième épisode de la franchise et c’est rempli de gags à se tordre. La salle était en délire. On doit cette curiosité à Santiago Segura, qui joue le personnage principal, réalise les film et a écrit les scénarios. Ca ne s’invente pas. Il faut être d’humeur, mais c’est chaudement recommandé.

Alors là, c’est du gros dossier

a hard day

Truc-Brol (allez vous souvenir du nom d’un Coréen après deux semaines de BIFFF), flic ripoux de la brigade criminelle est en route vers les funérailles de sa mère lorsqu’il heurte et tue un homme à la suite d’un malheureux accident de voiture.

Le reste du film est de toute beauté. Le ton est assez étrange ; l’histoire est un thriller de flics et gangsters assez classique mais trouve de l’humour dans les malheurs des protagonistes, particulièrement Truc-Brol. C’est drôle d’une manière très sincère, on ne verra pas de gags gratuits mais plusieurs moments où le talent combiné du scénariste et du réalisateur crée une atmosphère d’humour un peu noir très poignant. C’est génial.

Le réalisateur (Il a bien chanté) est venu accompagné de son producteur et d’un autre gars, et quand on lui a demandé pourquoi les personnages de ses films étaient aussi souvent gris plutôt foncé, il a répondu avec aplomb « La vie est comme ça ». Pourquoi est il si méchant? Parce que.

Il a raison. Il capture parfaitement les petites crapuleries du quotidien, commises non pas par des gens mauvais, mais par des gens normaux, qui font le mal par simple fainéantise égoïste. « C’est d’une vérité criante! », s’exclama elle. Pour une fois qu’un film nous dit nos quatre vérités sans être emmerdatif et chiatoire, on applaudit des deux mains.

Sinon, le film en soi est très bien fait ; compétent partout où il faut, avec un scénario qui tient la route, joué comme tous les films asiat’ et quand ça bastonne, c’est particulièrement bien fait (je pense surtout à la dernière scène de combat à mains nues). Du jamais vu. Une merveile.

Jan Kazimirowski et Olivier Eggermont

P.S. : Dès mardi, retrouvez le bilan, les tops, les flops, etc. de nos critiques et les conclusions de cette édition.

A propos Jan Kazimirowski 36 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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