Depuis le 14 septembre 2023 et ce jusqu’au 6 octobre 2023, Mons vit au rythme des évènements culturels et artistiques qui se multiplient dans le centre-ville à l’occasion de cette troisième édition de la Biennale, confirmant allègrement son titre de Capitale Européenne de la Culture décerné en 2015. Au programme ? Fêtes, art urbain, expériences immersives, mais aussi danse, exposition, ou encore théâtre et musique… Et il n’est pas trop tard !
Vous me direz toutefois, peut-être surpris.e, la Biennale de Venise, d’accord, on connait… mais la Biennale de Mons, ça sort d’où ? Lorsqu’on est auréolée Européenne Culturelle de la Culture, on continue sur sa lancée Mesdames Messieurs ! La Fondation « Mons 2015 » s’est rapidement transformée en Fondation « Mons 2025 », et c’est ainsi que la première Biennale de Mons est née en 2018, portée par l’exposition rétrospective de Niki de Saint-Phalle programmée au BAM. Depuis, la Biennale de Mons est devenue le grand rendez-vous culturel du Hainaut… au rayonnement international !
Le concept ? Pendant plusieurs semaines, l’art et la culture envahissent l’espace urbain sous toutes leurs formes, transformant la ville du doudou en véritable musée grandeur nature et gratuit, où l’accent est éminemment mis sur la participation citoyenne et la découverte de notre patri.matri.moine et culture. Suivant le cheminement de la première Biennale, cette nouvelle édition trouve son impulsion dans le contexte de l’exposition rétrospective de l’œuvre de l’artiste catalan Jaume Plensa, organisée par le BAM, mais hors les murs. De la Grand-Place en passant par le jardin du Mayeur ou encore la Collégiale Sainte-Waudru, venez découvrir encore jusqu’au 8 octobre « La part du sacré ». Le dialogue et l’énergie spirituelle se dégageant de la rencontre étonnante entre les sculptures de Plensa et l’héritage exceptionnel montois vous inviteront à l’introspection, la méditation et la contemplation.
Zut ! Vous avez loupé les premières semaines de la Biennale ? À la trappe les Fêtes de Wallonie du 14 au 17 septembre 2023, avec son Festival de théâtre de rue, le fantastique spectacle de cirque en plein air « ROUGE ! » concocté par la Cie Gratte-Ciel. Mais encore, aux oubliettes la Semaine des découvertes numériques du 20 au 24 septembre et sa super programmation vous initiant aux inovations et bienfaits des nouvelles technologies à destination des secteurs culturels et artistiques. Mais on a envie de vous dire, point de regret, il n’est pas trop tard, que nenni ! Parce que depuis le 25 septembre et ce jusqu’au 6 octobre, la ville de Mons continue à vous programmer la crème de la crème des expositions, ateliers et conférences avec, notamment, le Festival des cultures urbaines : L’art habite la ville, et puis la Nuit des Musées spéciale danse le 6 octobre.
Alors nous, on a surtout très envie de vous présenter les activités qui rythmeront ce premier Festival des cultures urbaines de Mons : rencontres avec les artistes, apéros surprises, conférences et tables rondes, projections, ateliers participatifs, expositions, musique et DJ sets avec un super concept de micro boites de nuit…beaucoup d’informations à assimilez nous direz-vous… Oui, il y en aura pour tous les goûts. N’hésitez pas à consulter le site internet de la Biennale pour consulter en détail toute la riche programmation, c’est par ici.
On nous glisse dans l’oreillette qu’au cœur de cette fête à ciel ouvert, les Anciens Abattoirs – lieu dédié à l’art contemporain depuis la réaffectation de l’édifice en 2006 – n’abriteront pas moins de quatre expositions, toutes consacrées aux Arts Urbains et situées dans la Grande Halle, du 29 septembre au 1er octobre 2023. Pour tout vous dire, on a eu la primeur de l’évènement en découvrant les expositions en plein montage avec le collectif Rethink en charge de la scénographie. Alors, qu’aurons-nous à nous mettre sous la dent et sous les yeux ? Il sera notamment question de street art, graffiti, skate culture ou encore sneakers…
Un petit aperçu, ça vous dit ? Au programme, tout d’abord, l’exposition « VAPORS » commissionnée par le Comptoir des Ressources Créatives avec le soutien du collectif Propaganza ASBL. Pas moins d’une soixantaine d’artistes de tous horizons, issus du milieu du street art et du graffiti, vous présenterons, pour cette cinquième édition, une incroyable quantité de tableaux inspirés des techniques et des arts de la rue. Le but ? combattre l’image péjorative de la pratique de l’art en milieu urbain comme acte de vandalisme illégal, qui continue de poursuivre l’inconscient collectif (et les artistes).
« Snearkers » by ARTIK promet aussi de belles surprises. Au cœur de la pratique de l’artiste et étudiant en architecture Artan Rushidi, les émotions, exprimées sur la toile de ses shoes plutôt que sur celle des très traditionnels et institutionnels tableaux. Quand notre art et les pensées, émotions, couleurs qui le constituent habillent nos pieds, comme une seconde peau, traversant, pas après pas, nos chemins de vie et notre quotidien.
On a aussi découvert « The Skate art : l’exposition », et on a zieuté-bavé sur absolument tous les skates-sculptures. L’idée ? Montrer le lien entre style, art et sport, propre aux arts urbains. Une belle brochette d’artistes plasticien.ne.s sont à l’œuvre pour présenter tous les aspects du milieu du skate : de la custom board art, en passant par la culture du skate comme lifestyle, mais encore de l’impact du « roller derby » sur l’architecture, l’urbanisme et la société. On apprécie que le commissariat de l’exposition soit pensé par Monster on Wheels, une association de skaters montois, soutenue par la ville de Mons, en charge d’un skatepark et préoccupée par une pratique des sports urbains dans des infrastructures adaptées et en toute sécurité. On a checké leur site internet, et on a découvert une super « famille » du skate, toujours grandissante.
Dans la même veine, « The Skateroom », commissionnée par le collectif éponyme, nous impressionne par leur philosophie et crédo « we value art, skate & social change ». Après un petit détour sur leur site internet, nous découvrons que ces 58 artistes envisagent le skateboarding comme un outil capable de changer le monde. Non, un skateboard n’est pas juste une planche de bois montée sur des roulettes, mais, lorsqu’il se pare des œuvres les plus emblématiques de l’art, il se transforme en support et véhicule au profit de l’éducation et du changement. Leur société, composée d’artistes influents internationaux, prévoit de consacrer 10% de leurs revenus à destination de projets sociaux, éducatifs et humanitaires, souvent auprès des plus jeunes générations. À leur actif, citons le développement de programmes et ressources éducatifs, mais aussi l’aide à la création de nouveaux skateparks dans le monde entier, notamment dans les pays défavorisés où, bien souvent, le skate est un sport inaccessible aux filles… Et ce n’est pas tout puisque The Skateroom sensibilise aussi son public sur la protection de l’environnement en luttant contre le consumérisme effréné.
Mais, pourquoi se faire côtoyer toutes ces expositions dans un mêmes espace ; quels sont liens entre une paire de baskets, un skateboard et la peinture aérosol ? Et puis, quelles sont les différences et particularités entre ce que l’on nomme le street art, le graffiti, et puis les arts urbains ?
Commençons par le début et soyons concis ! Les arts urbains se définissent comme toutes les formes d’art réalisées dans l’espace public. Plusieurs techniques existent, et vous pourrez d’ailleurs en tester quelques-unes dans le cadre des ateliers créatifs ! Citons par exemple le bien connu graffiti, ou encore la peinture murale, le trompe-l’œil, le pochoir, la mosaïque, l’affichage et le collage, la réclame, ou encore, purement esthétique, le tricot urbain (mais si, ces jolies mailles toutes colorées qui réchauffent et habillent les arbres de certaines de nos villes !).
À l’origine, les procédés que l’on englobe actuellement dans les arts urbains avaient pour mission de faire passer un message politique fort, de dénoncer les écueils de la société, dans un cadre plutôt illégal… Aujourd’hui, ces formes d’art sont légales, davantage institutionnalisées, et soutenues par le public. Mais, dans les années soixante, lors de la naissance des arts de la rue avec le mouvement « graffiti writing » aux U.S.A dans le contexte de guerres entre clans, on n’évoquait même pas la question de l’art, et les activisites-actionnaires étaient considéré.e.s comme des vandales. Pour la petite anecdote, saviez-vous que les graffitis existent en réalité depuis l’Antiquité ? Plutôt drôle d’imaginer ces grecs que l’on envisage comme de sages philosophes, tous de toges vêtus, tracer, en bons rebelles, des dessins caricaturaux et satiriques à la dérobée sur les murs de la ville, non ? D’ailleurs, en y réfléchissant bien, les fresques murales, elles, subsistent depuis plus longtemps encore si on songe par exemple aux peintures préhistoriques des grottes de Lascaux.
Toujours est-il que l’art se déplace alors des musées, galeries, institutions, pour se confronter à la vie, au réel, et à l’environnement, questionnant le contexte de création et modifiant par la même occasion le tracé de l’urbanisme et de l’architecture. Dans ce contexte, le skate et les sneakers, apparus au même moment que les graffitis et associés tout autant à la culture pop, underground, ou encore à la contre-culture, ont tout avoir avec le développement des arts dits urbains. Par exemple, la skate culture est, elle aussi, auréolée d’une soif de rébellion, de liberté d’expression et, comme les premiers graffeur.eus.e.s, elle joue avec les limites des infrastructures et du mobilier urbain. Les skateparks, quant à eux, sont les lieux par excellence de la libre expression artistique : le sport, les fringues, les planches et les accessoires constituent un art à part entière, et les murs en sont d’ailleurs couverts… sous la forme de graffitis, peintures et fresques créés librement entre autres techniques à la bombe aérosol.
Quant aux sneakers, il y aurait beaucoup à en dire. On le sait, le lifestyle et la culture du skate imposent un certain code vestimentaire dominé actuellement par le streetwear, dont font partie les chaussures de sport. Mais l’Histoire de la célèbre basket est plus complexe, significative, et fun qu’il n’y parait. Dans les années septante, la chaussure de sport purement pratique est détournée pour son style, et devient un accessoire citadin quotidien, très lié ensuite à la culture du Hip-Hop. Mais on s’est posé cette question : pourquoi cette réappropriation urbaine de la Sneakers et, d’ailleurs, d’où lui vient cette appellation ? En réalité, le mot vient du verbe « to sneak », qui peut se traduire comme « se déplacer furtivement et silencieusement »… Alors vous l’avez ? Chaussures aux semelles en caoutchouc bien pratiques pour les graffeur.eus.e.s d’antan qui se les arrachaient, actant dans l’ombre et la discrétion. La légende raconte que cette dénomination leur aurait d’ailleurs été conférée par un gendarme new-yorkais dans les 70’s, qui, essoufflé et exaspéré après une course-poursuite avec des graffeurs très rapides, aurait maudit ces chaussures silencieuses, efficaces et bien pratiques ! Ces « satanées sneakers » !
On ne vous en dit pas plus : venez voir par vous-même, c’est le moment, c’est l’instant. Notre petit doigt nous dit qu’il y aura de nombreuses surprises, et puis des médiateur.tric.es mais aussi certain.e.s artistes des expositions seront présent.e.ssur place pour vous en exposer davantage !
Le petit plus ? Difficile de choisir dans cette riche programmation… mais il est vrai que les ateliers de customation de sneakers, d’initiation au pochoir, à la sérigraphie ou encore à la peinture murale (parmi tant d’autres !) nous font sérieusement de l’œil.
- Où ? Aux Anciens Abattoirs de Mons et dans toute la ville !
- Quand ? du 25 septembre au 6 octobre 2023. Rendez-vous sur le site internet de la Biennale pour découvrir les détails de la programmation et réserver à l’avance vos participations aux différents ateliers et conférences.
- Tarif ? tout est free !