50 photographies avec une histoire : Humanisme et Histoire photographique au Quai au Bois à Brûler

Juan Manuel Diaz Burgos_El niño de la maleta, 1993

C’est en extérieur, Quai au Bois à Brûler, que l’Histoire d’Espagne défile à travers cinquante vitrines dont transparaissent des subjectivités disparates. Le spectateur est libre de sillonner ce parcours par ordre chronologique ou non, au gré des visages et des époques. Chaque visuel est accompagné d’un cartel. Traduit de l’espagnol en néerlandais, français et anglais, il apporte une note précise sur le contexte historique et artistique, ce qui permet de cerner théoriquement les enjeux de la prise de vue et les intentions du photographe. 

Hétérogénéité et similitudes 

La démocratisation du médium photographique est mise en images grâce à l’étalage de sa grande diversité. Des fils conducteurs relient les images entre elles : les mouvances sociales, les acteurs qui en sont à l’origine et la composition dûment travaillée, ces éléments nous immergent dans le cadre et dans l’univers du photographe. Les compositions se font face deux par deux, des protagonistes aux traits impétueux, marginaux, martyrisés se détachent de la toile de fond et dialoguent les uns avec les autres.  Meurtriers, contestataires, provocateurs les visuels narrent un vécu polyphonique que la photographie rend tangible. 

Cristina de Middel, Afronautas, 2011

Hommage 

El Primer Bikini A Ibiza d’Oriol Maspons amuse quand Amra Efica de Sandra Balsells ébranle. La palette d’émotion est aussi large que la diversité photographique et sociale qui a marqué l’Espagne ces 80 dernières années. Entourée d’une liturgie certaine, chaque atmosphère pointe la fine frontière entre langage documentaire et projection fictionnelle. Autant d’emblèmes de l’Histoire du pays qui posent les jalons d’un mythe en constante évolution. Des pionniers du militantisme traversent les photographies, le Che, Enrique Menesis, Fidel Castro sont identifiables. Migration et mémoire s’émancipent au-delà de la linéarité chronique du couloir et certains visuels surprennent par le choix des sujets – des chaises avec Matiàs Costa – Cargo 2007-2017) – ou un cosmonaute avec Afronautas de Cristina de Middel et Sputnik de Joan Fontcuberta. Le tout et d’y lire le récit sous-jacent. 

Marisa Florez_Dolores Ibárruri, La Pasionaria, y Rafael Alberti, 1977

Humanisme 

Artiste, militant, ou esthète, les photographes sont avant tout passionnés et posent sur le sujet un regard engagé et sensible. Cette frise humaniste – dominée par le genre documentaire – met en lumière, cliché après cliché, leur talent et le punctum qui rend leur œuvre unique. Cela peut être un cadrage, un motif pictural, un sujet particulier, un regard. Notre propre regard se promène donc d’une scène à l’autre enregistrant des informations tout autant que des émotions. Même si les modèles sont pris dans de positions de faiblesse – voir de mort imminente – une dignité émane de chacune des prises de vue. Ce projet d’envergure créé une synchronie entre le quartier flamand et l’Espagne d’après-guerre. Ces bribes intenses s’actualisent par l’écho qu’elles opèrent les unes avec les autres et chargent l’allée d’une force narrative, la photographie est ici gage de résilience. 

Matías Costa_Cargo 2007-2017 Abandoned mess hall on the Russian ship Topaz. Gran Canaria, Spain.
  • Quand ? du 30 septembre au 30 octobre 2023
  • Où ? MAD : Place du Nouveau Marché aux Grains, 10, 1000 Bruxelles et Place Sainte-Catherine, 1000 Bruxelles 
  • Combien ? Entrée libre