Rencontre avec Delora du groupe Lurking

Aujourd’hui, c’est avec Lurking, un groupe de métal français que nous avons rendez-vous. Alliant mélancolie et puissance, Lurking nous emmène au travers dans un univers sombre et envoûtant. Nous avons posé quelques questions aux membres de la formation  parisienne pour qu’ils nous parlent de Betrayed, leur nouvel album.

Bonjour, Delora, merci de nous accorder cet entretien au sujet de ton groupe, Lurking.

Tout d’abord, nous avons été ravis de découvrir votre album Betrayed. Ce disque est assez surprenant de par la qualité des compositions et de la production. (Vous avez vraiment un bon son sur ce disque!)

Alors, pour permettre à nos lecteurs de faire plus ample connaissance avec vous, peux-tu m’expliquer comment s’est formé Lurking?

Delora : Le groupe s’est formé en 2007 lorsque Jean-Phi (batterie) et Wil (guitare) se sont rencontrés. Ils étaient sur la même longueur d’onde musicalement parlant, du coup ils se sont lancés dans l’aventure de créer Lurking… Ils ont fait appel à Anthony pour le chant et à Olivier pour la 2ème guitare, ne trouvant pas de bassiste, Anthony s’est chargé d’occuper ce poste en plus de son statut de chanteur. En 2011, j’ai rejoint le groupe suite à une répète où nous avions jamé ensemble !

D’où vous est venu ce nom: Lurking?

Anthony : C’est originellement tiré de 2 chansons que j’adore : The thing that should not be de Metallica et Von Unaussprechlichen Kulten de Nile. Ces 2 chansons sont inspirées de l’univers de HP Lovecraft, écrivain auquel nous vouons un véritable culte.

Lurking… veut dire : « tapi dans l’ombre, en embuscade ». C’est un nom mystérieux qui nous semblait bien adapté à notre musique qui est dure à classer et dont on ne sait jamais trop où elle va nous mener.

Ton chant est superbe et puissant. Comment as-tu commencé à pratiquer cette technique? Est-ce que tu as un conseil à donner aux chanteuses débutantes pour ne pas s’abîmer la voix?

Delora : Merci pour le compliment ! Je tiens à préciser que je suis autodidacte donc mes conseils fonctionnent sur moi mais à voir sur d’autres personnes ! Cela fait quelques années que je chante en voix claire (10 ans à peu près voire plus maintenant) et petit à petit je me suis intéressée au chant saturé ! De ce fait, il y a 4 ans, lorsque j’habitais en Bretagne, j’ai intégré un groupe de thrash metal. Au début je n’avais pas encore la technique pour utiliser ce type de chant donc je m’abimais beaucoup la voix, (c’est pour dire ! à la fin de plusieurs répètes avec ce groupe, j’en sortais aphone ! ) Quelques années après j’ai intégré Lurking… et avec quelques conseils techniques de la part d’Anthony (le chanteur bassiste de Lurking…) avec beaucoup d’entraînement, de patience et de passion, j’ai fini par sentir un déclic. Je screamais sans me blesser.

Plusieurs mois après l’enregistrement de l’album Betrayed, je suis retournée en studio pour enregistrer des covers du groupe Eths et à ce moment là j’ai eu un nouveau déclic pour un autre type de chant saturé : le growl. A présent je peux donc screamer et utiliser une voix saturée beaucoup plus grave ! Le growl ! Les conseils que je peux donner aux chanteuses qui souhaitent commencer ce type de chant, c’est d’avoir un bon pot de miel à porter de main, de ne pas se décourager, de persévérer et d’éviter de boire des boissons pétillantes avant de pratiquer ce type de chant. Peut être aussi éviter la cigarette, personnellement je ne suis non fumeuse mais je sais que la fumée me gène pour chanter.

Après comme je le disais précédemment toutes ces petites choses fonctionnent sur moi mais il y a d’autres chanteuses de metal extrême qui fument et boivent ce qu’elles veulent avant de chanter sans que cela leur pose problème… Sinon pour acquérir cette technique, c’est un peu plus long à expliquer mais il y a plein de tutoriels très intéressants sur youtube pour apprendre les différents types de chants saturés, donc n’hésitez pas à aller jeter un oeil !

Aujourd’hui, on dirait que les femmes commencent enfin à prendre une place importante dans le metal. Comment s’est passé ta collaboration avec le groupe? Est-ce que tu as éprouvé des difficultés auparavant pour t’imposer au sein d’une formation?

Delora : Mon intégration au sein de Lurking… s’est faite du jour au lendemain. Je connaissais Jean-Phi depuis plusieurs années et un jour où j’étais sur Paris, il m’a proposé de venir à une de leur répétition. J’ai accepté avec plaisir, dès qu’il s’agit de musique je suis la première au rendez vous ! Il savait que j’étais chanteuse et lorsqu’ils ont joué leurs morceaux, Jean-Phi a proposé aux membres de Lurking… de me faire participer, j’ai donc improvisé et chanté avec eux. Ma voix les a séduits c’est pourquoi ils m’ont demandé de les rejoindre dans l’aventure ! C’est donc suite à un jam que je suis devenue la chanteuse de Lurking… Je n’ai jamais vraiment éprouvé de difficultés pour m’imposer dans mes formations musicales passées, mon statut féminin ne posait pas de problème en revanche, mon jeune âge a souvent été un frein pour certains de mes anciens groupes.

Dans Betrayed, on retrouve de superbes riffs et de très bons solos. Comment travaillez-vous ces compositions? Est-ce de manière collective? Ou est-ce que chacun crée dans son coin?

Anthony : La majorité des riffs principaux vient souvent de Wilfried. Ensuite, nous essayons de structurer tout ça en répétitions, où chacun apporte ses opinions. Après, chacun fignole ses parties chez soi. Personnellement, j’écris toujours mes parties de basse à tête reposée, seul chez moi. En ce qui concerne les parties de chant, nous nous retrouvons fréquemment avec Ingrid pour rechercher et mettre en place des lignes de chant que nous cherchons à rendre intéressantes.

Il y a aussi une superbe plage instrumentale. Est-ce que vous pensez qu’aujourd’hui, la façon de « consommer » la musique fait que l’on ne prend plus le temps d’écouter?

Delora : C’est fort probable en effet, car depuis pas mal d’années on peut écouter toutes sortes de musique sur internet gratuitement donc je pense que beaucoup de monde ne l’apprécie plus à sa juste valeur. Elle est devenue un produit de consommation comme les autres. Même en ce qui concerne les concerts, surtout dans l’univers du Metal, un gros pourcentage de gens ne se bouge plus et préfère picoler dans un bar ou regarder des concerts sur youtube ou autres. Je trouve ça dommage… Or, dans Lurking… nous sommes avant tout des passionnés de musique, nous adorons donner des concerts mais nous aimons aussi en voir ! C’est pourquoi nous accordons une place importante à l’instrumental, donc c’était à juste titre de placer Can’t Escape sur notre album. Votre musique a une atmosphère particulière.

Comment décririez-vous votre style?

Anthony : C’est une sorte de grand « melting pot » metal. Nous sommes tous des amateurs de tous les styles de metal. On va dire que notre musique tourne essentiellement autour de nos 3 styles préférés : heavy, thrash et death metal. Mais on peut également ressentir notre adoration pour les styles plus « obscurs » que sont le doom et le black metal.

Au niveau des paroles, y a t’il un message que vous voulez transmettre? Est-ce des histoires inspirées de vos vies ou votre quotidien?

Anthony : Nous ne sommes pas un groupe « engagé », faire la leçon ce n’est pas notre truc. Sur ce 1er album, les textes ont des influences variées. Certains sont des histoires d’inspiration fantastique (The Wreck, Betrayed, Left Behind), d’autres font référence à des choses plus personnelles (Run from your life, So weak…). Je suis personnellement très influencé par la littérature, notamment fantastique, épique et romantique. Mais un texte peut m’être inspiré par la musique elle-même. Au final, tout dépend de ce qui préoccupe mon esprit au moment où je me mets à écrire.

Quelles sont vos inspirations?

Wil : Musicalement, j’ai comme nous tous dans le groupe mes propres influences, qui vont du Heavy métal au death, en passant par le classique, le blues, les 70’s, le grunge… Mais j’ai souvent de la musique dans la tête, alors je peux être inspiré par la foule, les transports ce genre de trucs… Mes états d’âme que je tente ensuite de retranscrire sur ma guitare.

Pourquoi chanter en anglais? Est-ce pour viser un public international? Ou est-ce parce que le français ne convient pas à votre style?

Delora : Personnellement dans le milieu du rock’n roll et du metal j’ai toujours préféré l’anglais au français. Je suis quelqu’un qui aime beaucoup la langue française, c’est une langue magnifique mais réussir à exploiter sa beauté en pratiquant le chant est une chose difficile. Je trouve que l’anglais et certaines langues latines comme l’espagnol, l’italien et le portugais se prêtent mieux à la mélodi Après je félicite certains groupes qui réussissent à écrire des morceaux en français en traitant les mots comme il faut ! Que pensez-vous de la scène metal en France aujourd’hui?

Wil : Mis à part les gros groupes comme Loudblast, Gojira, etc… qui ont vraiment une grosse renommée je ne connais à vrai dire que les groupes avec lesquels nous avons partagé l’affiche. Et il en a de vraiment bons, comme Infectious Hate, Dead tree seeds, Kortex, ou bien encore Unscarred et Deficiency qui envoient vraiment du bois. Je peux dire que la scène métal est vraiment vivante, et talentueuse, bien qu’elle ne soit pas relayée dans les grands médias. (Ce qui est plutôt gage de qualité à mon sens)

Anthony : Je suis extrêmement fier de notre scène. Honnêtement, les CD qui tournent le plus sur mes platines depuis maintenant plusieurs années sont souvent issus de la scène française. La scène undergorund est très dynamique, il y a d’excellents groupes dans tous les styles, une vraie émulation, c’est génial. Mes groupes français préférés parmi les grands noms sont Scarve (qu’ils reviennent !), Dylath Leen, Misanthrope, Dagoba. Gojira est également excellent dans son style. Plus underground, les excellents The Great Old Ones, nos amis d’Unscarred, d’Asylum Pyre, de Kortex, de Infectious Hate…

Votre meilleur souvenir sur scène?

Delora : Ah ! Difficile de choisir ! J’en ai deux en réalité:

-Le premier date d’un concert que l’on a fait dans une petite salle qui n’existe plus : le paris poppins ! La foule était dans un délire monstre et je voyais à chaque fois les poings de toutes les personnes dans la fosse se lever à l’unisson avec le mien.

-Et le deuxième c’était lors d’un live au Klub (il n’y a pas si longtemps avec les When reasons collapse, le 6 janvier) où mon cousin et mon tatoueur (Alex Sacha) sont venus pour la première fois voir mon groupe en concert (déjà ça c’était vraiment cool) et où j’ai slammé pendant les soli de notre cover de Ride the Lightning de Metallica ! C’était vraiment génial de slammé pendant mon propre concert !

Wil : Je pense à nos concert du paris poppins particulièrement ou le public était pas mal déchainé ( ma tête t’ampli aurait même pu tomber sans le secours des bras d’Anthony ) . Nous avons joué à la boule noire aussi, et même si c’était pour un festival tremplin, ça fait toujours quelque choses .

Anthony : J’hésite entre plusieurs concerts, mais je pense à un concert donné lors d’un Festival à La Bouée l’année dernière. Il faisait une chaleur à crever, on avait eu des problèmes de matos et du coût notre soliste ne jouait pas sur sa tête d’ampli, nous étions un peu énervés avant de débuter le show mais ça nous a surmotivé et je crois qu’on a été vraiment bon ce jour là. Le public était génial.

Quels sont vos projets?

Delora : Notre projet principal est d’enregistrer un nouveau cd ! Nous bûchons sur les nouveaux morceaux, il y en a d’ailleurs deux que nous avons bien entamés ! Et nous comptons continuer la scène un maximum sur Paris mais aussi en dehors, quelques scènes en Belgique ou en Angleterre seraient vraiment le top, dans le cadre de concerts et festivals.

Aimeriez-vous faire des collaborations ou des tournées avec d’autres artistes à l’avenir?

Wil : Je n’ai pas de groupes spécifiques en tête, autres que ceux qui relèvent du rêve bien entendu, mais par contre, j’apprécierai vraiment de participer à des festivals d’une journée ou plus.

Delora : En ce qui me concerne, j’aimerais beaucoup faire une tournée avec le groupe Unscarred, un groupe de thrash dont je raffole ! Faire un featuring avec Nelly me plairait énormément ! Et pour citer un autre groupe important à mes yeux, que j’adore également, les Dylath Leen.

Et bien, je vous remercie de nous avoir consacré un peu de temps pour ces questions et j’espère vous voir prochainement en concert!

Merci au Suricate Magazine pour votre intérêt pour Lurking!

Pour plus d’infos sur Lurking, rendez-vous sur leur page Facebook

A propos Christophe Pauly 485 Articles
Journaliste et photographe du Suricate Magazine

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