Le Client, l’écriture appuyée de Farhadi

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Le Client

d’Asghar Farhadi

Drame

Avec Shahab Hosseini, Taraneh Alidoosti, Babak Karimi, Farid Sajjadihosseini, Mina Sadati

Sorti le 23 novembre 2016

En remportant lors du dernier Festival de Cannes le prix du scénario et la palme d’interprétation pour le comédien Shahab Hosseini, le dernier film de l’Iranien Asghar Farhadi est donc le plus récompensé d’un palmarès parmi les plus discutés et contestés de l’histoire du festival. Il est donc temps de découvrir le film et de l’évaluer en dehors de la folie cannoise, qui porte des œuvres aux nues et en broie d’autres.

Lorsque des travaux menacent de faire s’écrouler leur immeuble, Emad et Rana, un couple de comédiens, sont contraints de déménager. Lorsque Rana est agressée dans leur nouvel appartement, Emad essaie par tous les moyens de retrouver la trace de l’agresseur, apparemment lié au passé de l’ancienne locataire des lieux.

Depuis ses débuts, Asghar Farhadi se sert de la fiction très scénarisée – allant parfois même sur le terrain du polar – pour évoquer les dysfonctionnements et les inégalités qui gangrènent son pays. Si le second degré de lecture, le sous-texte, est toujours intéressant et pas trop ostentatoire, la démarche d’écriture de Farhadi et ses récits millimétrés, fonctionnant souvent comme des pièges qui se referment sur leurs personnages, sont nettement plus discutables et parfois empreints de lourdeur.

Si Le Client n’atteint pas le degré de sur-écriture maniérée du précédent film (Le Passé), Farhadi n’échappe toujours pas à sa tendance à mettre les points sur les i, à vouloir constamment « sur-signifier ». En établissant un parallèle appuyé entre la situation du couple et la pièce de théâtre qu’ils sont en train de jouer (Mort d’un commis voyageur d’Arthur Miller), il est déjà dans cet excès de symboles et d’allégories.

Mais le film atteint son apogée de systématisme dans sa dernière partie, lors d’une confrontation étirée sur la longueur, qui finit par virer au jeu de massacre. On voit très vite où le scénariste-réalisateur veut en venir mais la parabole du conflit social a du mal à passer au travers de l’acharnement de l’auteur et de l’un de ses personnages sur un autre de ceux-ci. Après vision, on en vient presque à ne retenir du film que cette dimension de « revenge movie » d’auteur en mode mineur, alors que l’installation des personnages et des situations, ainsi que la mise en scène, laissait présager un film moins déterministe que les précédents. Au final, il s’agit au contraire du film le plus « clos » de Farhadi, celui qui enferme le plus ses personnages, au propre comme au figuré.

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