Après la Biennale de Venise, Mondo Cane s’expose à BOZAR

Mondo Cane, BOZAR, Philippe De Gobert.
Mondo Cane, BOZAR, Philippe De Gobert.

Affiche Mondo Cane, BOZAR

Représentant la Belgique lors de la 58ème biennale de Venise, le projet Mondo Cane du duo d’artistes Jos de Gruyter et Harald Thys s’installe à BOZAR Bruxelles et offre au spectateur une expérience immersive de laquelle on ne peut ressortir indifférent.

Une œuvre complète

Mondo Cane revient en Belgique et s’expose à BOZAR le temps d’une saison, sous le commissariat d’Anne-Claire Schmitz. Le projet avait été présenté à Venise lors de la dernière biennale où il avait reçu une mention spéciale du jury. Fort d’un public varié regroupant aussi bien des professionnels du monde de l’art que des touristes ou simplement des curieux, la biennale de Venise rassemble depuis 58 éditions des artistes émergents de plus que 80 pays à travers le monde. Monde Cane est soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui tenait à ce que l’œuvre puisse être présentée en Belgique afin de toucher aussi le public tout aussi hétéroclite de BOZAR.

Mondo Cane est une œuvre complète. En plus de l’exposition présentée à BOZAR, une publication et un site internet ont été créés par les artistes et la commissaire. Parlant du même sujet : les coutumes assez banales, la vie quotidienne, les pratiques culturelles et faits divers du monde entier, les trois médiums se complètent. La publication reprend des extraits de Wikipedia, sur lesquels un travail éditorial a été réalisé. À l’origine, Mondo Cane est un documentaire italien sorti en 1962 regroupant différentes coutumes étranges dans le but de choquer le public occidental.

Mondo Cane, Bozar, Philippe De Gobert
Mondo Cane, BOZAR, Philippe De Gobert.

La figure humaine comme sujet

L’exposition commence par une grille de fer qui sépare le monde réel d’un univers clos, comme un monde souterrain habité par vingt-deux poupées. C’est deux de plus que dans la version vénitienne. Celles-ci sont disposées dans les autres pièces de cette partie du musée. Elles ont toutes un aspect très lisse et froid due aux matériaux utilisés, à leur regard vide plongé dans l’horizon et au peu de détails présents.

Chaque poupée représente un personnage avec son histoire, souvent effectuant une action automatisée de manière répétitive mais aléatoire. La figure humaine semble enfermée mais elle est pourtant en sécurité dans cet univers fermé. Un livret présenté à proximité de la grille dresse le portrait de tous les personnages, tous fictifs mais inspirés de fait réels ou de personnes que les artistes ont croisé au cours de leur vie. Certaines d’entre elles semblent être des marginaux de la société. Le meurtre, l’obsession, l’engagement religieux, le contrôle sur autrui et le phénomène paranormal sont évoqués dans ces courts récits anecdotiques. Les histoires des poupées sonnent comme des mythes populaires de différents pays d’Europe, parfois incluant des faits historiques marquants des dernières décennies.

Un univers troublant

En parallèle des poupées, une série de dessins est placée sur les murs des trois pièces. Ceux-ci ont été réalisés sur ordinateur afin d’accentuer l’aspect froid et distant. Ils sont les seules représentations du monde extérieur offert aux poupées. Ils illustrent des scènes de vie quotidienne, des lieux ou des portraits.

Mondo Cane, Bozar, Philippe De Gobert
Mondo Cane, BOZAR, Philippe De Gobert.

En parcourant l’univers de Mondo Cane on peut difficilement ne rien ressentir. Certains auront un sentiment de malaise ou d’inquiétude face à ces poupées au visage figé mais au corps en mouvement. D’autres verront leur curiosité piquée par les histoires parfois lugubres dont elles témoignent. De prime abord, le lieu semble peu accueillant. Le spectateur à le sentiment de déranger, d’entrer dans un univers privé et bien rangé. Cet univers finit toutefois par devenir de plus en plus intéressant, comme un jeu dans lequel on devrait deviner l’histoire ou le conte populaire dont est tiré le récit de tel ou tel poupée.

Mondo Cane attirera probablement encore un large public en offrant un retournement de situation : ici, au musée, le sujet c’est l’humain.

Infos pratiques

  • Où ? BOZAR, 23 rue Ravenstein, 1000 Bruxelles
  • Quand ? Du 19 février au 24 mai 2020, du mardi au dimanche de 10h à 18h.
  • Combien ? 8 EUR au tarif plein. -50% à l’achat du ticket sur bozar.be pour les moins de 30 ans.
A propos Anaïs Staelens 61 Articles
Responsable de la rubrique Arts/Expos Journaliste du Suricate Magazine