The Clash: Hits Back!

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Tout le monde a déjà entendu Should I Stay Or Should I Go, le célèbre single des Clash (qui fut numéro un des charts anglais plus de dix ans après sa sortie grâce à son utilisation dans une publicité Levi’s). Beaucoup ne connaissent d’ailleurs que ce titre du groupe anglais.

Pourtant, si les Clash sont devenus une véritable icône du punk rock, ils se sont aussi fait connaître sur les ondes par des styles musicaux très variés. Je dois bien l’avouer, je faisais partie de cette catégorie de personnes qui ne connaissait pas très bien la discographie du groupe.

Heureusement, un superbe best of intitulé Hits Back vient de sortir pour le bonheur des fans et des novices. Le choix des chansons est assez particulier car on a suivi ici la setlist d’un concert donné par les Clash à la Brixton Fair Deal (devenu depuis la célèbre Brixton Academy) le 10 juillet 1982. Cette compilation en étonnera donc plus d’un par son éclectisme.

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En effet, le groupe formé en 1976 a d’abord percé en Angleterre où le punk est à son apogée à la fin des années 70. Ils tournèrent alors avec d’autres groupes punk comme les Buzzcocks, Subway, The Slits ou encore The Perfects. Après un premier album éponyme au son très « rentre dedans » (voir le titre White riot), leur maison de disque (CBS) leur demanda d’adopter un son plus propre pour conquérir le public américain. Sandy Pearlman (qui avait travaillé pour Blue Öyster Cult) fut alors appelé pour produire leur deuxième album : Give ‘em enough rope. Mais cette collaboration ne fut pas évidente et ni le groupe, ni le producteur ne garde un bon souvenir de ces sessions.

Bien qu’ayant reçu des critiques positives, le disque ne sera pas le succès escompté par le label aux USA. Ceci dit, en angleterre, le groupe cartonne toujours autant et Tommy Gun, leur premier single se positionnera à la 19 ème place des Charts anglais, ce qui était jusqu’alors leur meilleur classement.

On remarque que bien que le son soit plus travaillé sur cet album, le style, lui, ne varie pas du punk avec des morceaux comme Safe european home ou English civil war. Le groupe fera alors une tournée anglaise mais surtout une tournée américaine qui sera couronnée de succès en février 1979.

A partir de là, le groupe va s’adapter à la demande du marché et se diversifier musicalement. Ainsi, London Calling, le double album qui suivra sera considéré comme l’un des meilleurs album de rock jamais enregistré. Il se classera à la 27eme place du Billboard et sera vendu à plus de cinq millions d’exemplaires! On y retrouve de punk, de reggae, de ska et de rockabilly qui propulsa le groupe vers une gloire que beaucoup leur envieront.

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Le single London Calling sera leur plus gros succès en se classant à la 11 eme position des charts. Ce morceau est aussi celui qui ouvre la présente compilation avec brio. Le titre vient de l’expression « This is London calling… » utilisée par la BBC lors de la diffusion des informations vers les pays envahis pendant la seconde guerre mondiale. Les paroles reflètent les craintes de l’époque que ressentis à l’époque le chanteur et guitariste Joe Strummer après un incident nucléaire à la centrale de Three Mile Island (située en Pennsylvanie). On y trouve aussi des références à l’innondation récente de Londres par la Thamise. Mais aussi une critique contre les violences policières de plus en plus fréquentes à l’époque et aussi au ras-le-bol du groupe qui se retrouva sans manager et dut se battre pour que leur label accepte de sortir ce double album plutôt qu’un simple disque. (Petite anecdote intéressante, le bruitage à la fin du morceaux a une signification. Il s’agit d’un SOS en morse que Joe Strummer a fait avec le feedback de sa guitare.)

D’autres singles fort différents font également la renomée du groupe comme le fameux The guns of Brixton et son style reggae déjanté. Parmis les plus surprenants, notons Wrong ‘em Boyo qui commence en un rock’n roll un peu pourrit. Puis tout s’arrête et le groupe fait comme s’il s’était trompé et rejouait le morceau. Sauf que, surprise, on a plus du tout le même morceau mais bien un ska sympa avec sa rythmique typée et ses cuivres joyeux. On sent que le groupe s’est bien amusé sur ce morceau en faisant des cœurs tout mimis.

La pochette de l’album sera fortement inspirée de celle d’un album d’Elvis Presley et la photo représentant le bassiste Paul Simonon en train de briser sa basse contre le sol lors d’un concert deviendra une véritable icône et sera considérée comme la meilleure photo de rock n’ roll par le Q Magazine.

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Le groupe arrive alors à son apogée et est extrêmement prolifique ! Ainsi, ils continueront sur leur lancée avec Sandinista !,un triple album en 1980 soit un an à peine après la sortie de London Calling ! Là aussi, le succès sera au rendez-vous avec des singles aux styles très éclectiques comme The Magnificent seven (un morceau funk que vous aurez certainement déjà dû entendre à la radio), Police on my back (punk-rock sympa mais toujours dénonçant la police). Les critiques seront très enthousiastes et Sandinista ! sera jugé comme étant le meilleur album de l’année par plusieurs magazines. En effet, en rassemblant toute une multitude de styles, les Clash ont ainsi été des précurseurs dans ce qui allait devenir la World Music.

1982 sera l’année de leur cinquième album, Combat Rock. Il était prévu de faire encore un double album à partir de ces sessions d’enregistrement. Mais suite à certains désaccords au sein du groupe sur le résultat final, seuls douze morceaux figureront sur ce disque. (Une réédition de l’album proposera plus tard les 18 titres originaux avec quelques versions longues.) Parmi ces joyaux, il y aura Rock the Casbah, l’un des titres phare du groupe et Should I stay or should I go qui deviendra célèbre dix ans plus tard lorsqu’il sera utilisé dans une publicité pour les jeans Levi’s.

Après avoir enchaîné les albums à succès et les tournées, le groupe est fatigué et la relation entre le chanteur Joe Stummer et le guitariste Mick Jones se détériorent. Ce dernier quittera le groupe et un dernier album (Cut the crap)verra le jour en 1985. Nettement en deçà des attentes cet album sonnera le glas pour les Clash qui se sépareront l’année suivante mettant fin à cette incroyable succes story.

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Après la séparation du groupe, chacun voguera à ses occupations. Le chanteur Joe Strummer fera une carrière solo avant de reformer un groupe appelé les Mescalero à la fin des années 90. Il mourra en 2002 d’un malaise cardiaque dans sa maison du Somerset. Cet évènement mit fin à d’éventuelles rumeurs de réunion du groupe.

Le guitariste Mick Jones fera une carrière en tant que producteur. Le bassiste Paul Simonon continuera à jouer dans des groupes comme Havana 3am. Tous deux collaborerons avec Damon Albarn sur l’album Plastic Beach de Gorillaz. Quant au batteur Topper Headon(qui avait quitté le groupe en 1982), il fera un album solo en 1986 et cessera de jouer par la suite. Ses problèmes de drogues y sont pour beaucoup à sa dégringolade.

Au final, on retiendra l’énorme hésitage que nous ont laissé les Clash avec ces fabuleux albums. Ils font partie de ces groupes qui aimaient prendre des risques et ont réussi le paris de rassembler un large public en s’aventurant en terrain inconnu dans des styles musicaux parfois opposés. Les Clash ont ouvert bien des portes et ont influencés beaucoup de groupes comme U2, les White Stripes, les Strokes et bien d’autres encore. De nombreux hommages leur ont été rendus et ils restent l’une des principales icône du rock.

Hits Back revient donc sur la carrière d’un groupe pour le moins atypique. Pour les plus grands fans, un coffret nommé Sound System (en forme de gros radiocassette) est également sorti. Il reprend pas moins de 12 cd ! Il y a bien sûr les albums remasterisés avec tous leurs bonus, plus 3 disques reprenant des sessions exclusives, des b-sides, etc… Des disques live et un dvd avec des interviews et des vidéos inédites ! Ajoutez à cela un livre bourré d’informations en tous genres sur leur carrière, des photos, un fanzine et divers produits de merchandising de l’époque. Un véritable bijoux à petit prix !

A propos Christophe Pauly 485 Articles
Journaliste et photographe du Suricate Magazine

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