Sweeney Todd, jusque fin juin à La Monnaie

La Monnaie propose actuellement le thriller musical Sweeney Todd, The Demon Barber of Fleet Street. Tour à tour feuilleton littéraire populaire, comédie musicale et film, cette légende urbaine n’a eu de cesse d’inspirer les artistes à travers les années. Vengeance et tourte à la bidoche, la Monnaie va nous régaler (presque tous) les soirs de juin !

Benjamin Barker est un barbier installé à Fleet Street avec sa famille. Son quotidien paisible bascule lorsque le juge Turpin, ayant des vues sur sa femme, l’envoie au bagne en Australie. Quinze plus tard, Benjamin s’échappe et revient à Londres sous l’identité de Sweeney Todd. Déjà brisé par sa captivité, il apprend la mort de sa femme et le sort de sa fille Johanna devenue la pupille de son ennemi. Une seule chose le tient désormais debout : sa vengeance. Il ouvre à nouveau un salon à Fleet Street dans lequel il tranche la gorge de ses clients en attendant celle de Turpin. Il s’associe à Mrs Lovett, une voisine dévouée qui fait disparaître les cadavres dans ses tourtes à la viande.

Il aura fallu attendre 2007 et la sortie du film de Tim Burton avec Johnny Depp pour que se popularise chez nous l’histoire de Sweeney Todd. Le récit de ce barbier tueur en série est initialement un roman-feuilleton intitulé The string of pearls : A Romance et publié en Angleterre au XIXème siècle. Il est rapidement porté sur scène, avant même la fin des épisodes écrits. Plus tard, dans sa pièce de théâtre de 1973, le britannique Christopher Bond ajoute une motivation psychosociale aux méfaits de Sweeney Todd et le transforme ainsi en un personnage à la Edmond Dantès*: un homme injustement dépossédé de son bonheur qui décide de châtier ses ennemis sous le couvert d’une nouvelle identité. En 1978 sort la comédie musicale de Stephen Sondheim, également parolier de West Side Story, et Hugh Wheeler. C’est sur cette version que se base le film de Burton et la représentation de la Monnaie. Mais si l’adaptation cinématographique de Burton avait pu dérouter en mêlant chant et septième art, la Monnaie propose ici une représentation fidèle à la scène, à la croisée de la comédie musicale et de l’opéra.

Gore et humoristique, musical et théâtral, Sweeney Todd à la Monnaie est un véritable spectacle au sens noble et divertissant du terme. On retrouve avec plaisir les attributs de Sweeney Todd : son sabre (rasoir) et le fameux siège d’où glisse les cadavres vers leur dernière tourte. Si la première partie de la pièce tire parfois un peu en longueur, le spectateur est amplement récompensé de sa patience après l’entracte, lorsque l’histoire s’emballe jusqu’à un dénouement total. En anglais et sur-titrée en néerlandais et en français, la performance des comédiens/chanteurs est superbe et magnifiquement accompagnée par les musiciens dans la fosse. Mention spéciale à la mezzo-soprano anglaise Carole Wilson. Elle fait des merveilles dans le rôle de Mrs Lovett : drôle, pétillante, délicieusement amorale, elle est un contrepoids parfait au sombre Sweeney Todd incarné par le baryton américain Scoot Hendricks.

Pour le dire en peu de mots, Sweeney Todd à la Monnaie, c’est fin, c’est très fin et ça se mange sans faim…

NB : Deux recommandations tout de même: prévoyez assez de temps pour atteindre le palais de la Monnaie situé à l’autre bout de Tour & Taxi. évitez de mettre du pâté gaumais au menu ce soir-là.

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* Edmond Dantès est le personnage principal du roman Le Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas achevé en 1844 après avoir été, comme Sweeney Todd, publié en feuilleton.

 

 

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