Shirley Valentine au Public : il n’est jamais trop tard !

© Gregory Navarra

De Willy Russel. Adaptation de Denise Périez. Mise en scène de Martine Willequet. Avec Marie-Hélène Remacle. Du 13 janvier au 25 février 2023 au Théâtre Le Public.

Pièce à succès anglais de 1989, Shirley Valentine a aussi été un film réalisé par Lewis Gilbert (surtout connu pour avoir fait trois James Bons à succès) et une pièce adaptée en France par Josiane Balasko. La version du Public est une adaptation de l’original avec l’actrice Marie-Hélène Remacle, pièce déjà interprétée il y a dix ans dans le cadre du Festival Bruxellons.

Shirley Bradshaw (nom de femme mariée) est une femme au foyer qui a l’impression terminé une grosse partie de sa vie depuis que ses enfants sont partis. Entraîné par la routine, ne parlant plus à son mari, elle n’a que son mur pour dialoguer mais même lui l’embête. Heureusement, une nouvelle l’amie l’invite à partir en voyage à Corfou. Mais osera-t-elle aller derrière le mur de sa cuisine et enfin vivre sa vie pour peut-être redevenir Shirley Valentine ?

A peine rentré dans la petite salle du Public, on est surpris, le discours traditionnel annonce aussi un spectacle d’un peu moins de 2h ? Si long pour un seul en scène ? C’est un pari risqué tant les seuls en scène peuvent vite tenir en longueur. Mais ça, c’était sans compter sur la palette de jeux de Marie-Hélène Remacle ! En quelques minutes, elle arrive à installer une ambiance, un personnage, à faire vivre ceux qu’on ne verra pas sur scène. Conjugué à la réflexion intéressante qu’il n’est jamais trop tard pour vivre sa vie, on est prêt à suivre les aventures de Shirley qui veut récupérer son nom, son individualité.

De la cuisine à la salle à manger jusqu’au monde qui s’ouvre à elle, on voyage pendant deux heures avec la comédienne. Pourtant le voyage sera interrompu par deux fois par un rideau attaché entre la scène et le public afin de pouvoir une première fois changer la disposition de la cuisine et une deuxième fois pour suggérer la plage grecque où elle est partie. Car oui, au contraire du Mythe de la Caverne de Platon, Shirley va redevenir Valentine en osant partir pour l’île paradisiaque sans revenir en arrière.

Ce spectacle, d’un féminisme étonnant pour l’époque est une jolie réflexion sur la vie qu’on décide ou non de mener. Mais c’est surtout un formidable écrin au talent d’une actrice au sommet de son art qui réussit le pari de captiver un public pendant presque deux heures, seule sur scène.

A propos Loïc Smars 484 Articles
Fondateur et rédacteur en chef du Suricate Magazine