« Rien qu’une bête », vulgaire et grotesque

Titre : Rien qu’une bête
Auteur : Franz-Olivier Giesbert
Editions : Albin Michel
Date de parution : 28 avril 2021
Genre : Roman

Laura et Patrick Glostrob, jeune couple engagé dans la lutte contre la souffrance animale, rencontrent lors d’une manifestation, Charles Aubigan, un écrivain également militant pour cette cause. Après une soirée passée à refaire le monde, le trio décide de mener une action choc : faire subir à un humain le même traitement que les animaux destinés à l’abattage. Sous le charme de Laura, Charles se dévoue pour endosser ce rôle funeste. Et le voilà parti pour le refuge des Glostrob. Pendant toute l’opération, Charles écrira son histoire et Laura filmera l’expérience pour la postérité.

A partir de là, le cauchemar commence. Pas pour Charles, parce que ce n’est qu’un personnage, mais pour nous, lecteurs.

Ce n’est pas une question de sensibilité et de ne pas pouvoir supporter la dégradation de l’être humain pour servir la cause animale, étant donné le succès qu’ont remporté à la rédaction des romans tels que Cadavre exquis ou encore Macha ou le IVè Reich qui évoquaient la même thématique. Dans Rien qu’une bête, vu que l’on parle des conditions de vie au sein d’un abattoir, vous vous doutez que rien ne vous sera épargné entre la castration, les piqûres d’hormones, le gavage et toute forme de maltraitance. Mais le plus dérangeant dans cette lecture est la façon dont le sujet est exploité.

Pour commencer, il n’y a aucune profondeur des personnages. On ne s’attache à personne, pas même à ce pauvre Charles, rebaptisé Gros Cul (très fin), tant ses réactions sont mièvres face à ses bourreaux. Intellectuellement, il est impossible de comprendre la réaction des trois protagonistes. S’il y a un ersatz de psychologie, il est au ras des pâquerettes. En effet, sans préambule, l’auteur balance que Laura a entretenu une relation incestueuse avec son père. Doit-on en déduire que cela justifie son comportement pervers face à la créature mi-homme mi-animale qu’elle et son jules ont créée ? Nous n’en saurons jamais rien car l’auteur n’y reviendra plus. Était-ce franchement nécessaire de rajouter une couche à ce texte déjà saturé d’ignominie ?

Sans compter des dialogues plats, un ton inutilement grossier, des non-sens quant aux principes végétariens ou encore quelques scènes à la limite du pornographique qui sera très loin d’exciter les plus chauds d’entre-vous.

Même si nous n’avons pas passé un bon moment de lecture, pointons une touche positive avec la toute fin qui prend des allures de thriller et qui aide un peu à faire redescendre l’estomac.

Au final, on perçoit exactement où Franz-Olivier Giesbert veut emmener ses lecteurs, mais le chemin emprunté n’a aucun sens et va à l’encontre de toute intelligence. Alors, est-ce qu’un tel roman changera notre façon de consommer la viande ? Servira-t-il vraiment la cause animale ? Ce qui est sûr, c’est qu’il ne servira pas la cause de M. Giesbert ! Peut-être est-il plus judicieux de se diriger vers les essais qu’il a écrits sur le sujet et qui sont, nous l’espérons, plus didactiques ? Car le faire par le biais de la fiction ne lui a assurément pas réussi…