L’art de la diplomatie : Machiavel passe la France et l’Allemagne au crible

auteur: Nicolas Machiavel
édition : Perrin
s
ortie : mai 2018
genre : histoire

L’art de de diplomatie de Nicolas Machiavel regroupe des notes d’analyse suite aux missions de Machiavel en France et en Allemagne pour le compte du gouvernement de Florence la Signoria. Grand théoricien de la politique, de l’histoire et de la guerre, Machiavel révèle ici ses talents de diplomate, habile à déchiffrer la psychologie des souverains et de leur peuple. Dans la dernière partie, il partage honnêtement son savoir et savoir-faire sur le rôle d’un ambassadeur, afin de préparer de nouvelles recrues à cette fonction.

Eminent professeur de langue et littérature latine, Jean-Yves Boriaud introduit ces textes, qu’il a traduit, en les replaçant dans leur contexte et dans la chronologie de vie de Machiavel. Déjà auteur des traductions des textes fondamentaux de Machiavel L’art de la guerre et Le Prince, Jean-Yves Boriaud présente ici la carrière diplomatique de Machiavel en France et en Allemagne. D’emblée, il fait état de la naissance de la diplomatie moderne, qui fera in fine passer cette fonction des aristocrates à des fonctionnaires (tel que Machiavel) et partage sa volonté de contribuer à éclairer les “jeux diplomatiques renaissants” de l’Europe moderne à travers cet ouvrage.

L’intérêt de l’ouvrage tient dans les lignes de force constatées par Machiavel lors de ses missions en tant que représentant de Florence auprès du roi de France, Louis XII, et de l’empereur d’Allemagne, Maximilien de Habsbourg, dans les années 1500. Dans des notes destinées à rester secrètes, Nicolas Machiavel évoque, avec piquant, ce qu’il perçoit de la nature des français “ils sont changeants et légers” ou encore “ils sont plus pingres que prudents” ainsi que celle des allemands. Selon lui, les allemands sont riches “parce qu’ils vivent comme des pauvres, ne construisent rien, ne s’habillent pas, n’ont aucun chez eux; il leur suffit d’avoir pain et viande en abondance, et un poêle pour échapper au froid.”. Mais encore: “En salaires et autres choses, ils dépensent peu, si bien que chaque commune se retrouve riche en argent public”… Le caractère des suisses, espagnols et flamands est également décrypté.

Machiavel relate avec précision l’organisation fiscale et institutionnelle de la France, Etat-Nation déjà bien constitué, ainsi que ses forces et faiblesses stratégiques. Il souligne l’importance des communes franches en Allemagne dont l’intention principale est de « maintenir leur liberté ». En clôture, le Vade-mecum du diplomate, traite aussi bien des habitudes et usages à prendre avec les représentants étrangers, que de la façon d’être efficace pour qui le mandate.

Ce livre peut plaire par l’honnêteté de la pensée de Machiavel et certaines fulgurances. Il ravira tout particulièrement les férus d’histoire et de stratégie, ainsi que les étudiants en relations internationales. Toutefois, l’ensemble peut paraître un assemblage hétéroclite de textes sans véritables liens et on aurait aimé plus d’informations de contexte sur la situation italienne et la perception de Machiavel à Florence.