Rétrospective au Public : les doutes d’un artiste sur son art

De Bernard Cogniaux. Mise en scène de Pietro Pizzuti. Avec Laurent Capelluto, Jonas Claessens, Sarah Joseph et Sandrine Laroche. Du 19 mars au 27 avril 2019 au Théâtre Le Public.

Rétrospective, comme son nom l’indique, évoque la rétrospective d’un artiste dans son village natal, qu’il a quitté depuis des années. Le texte de Bernard Cogniaux tente d’explorer les doutes d’un artiste et sa liberté de créer au milieu des enjeux de diverses politiques culturelles étatiques. Dans le même temps, un centre de réfugiés, dans la même ville, affronte avec difficultés la peur des locaux face à l’arrivée de nouveaux réfugiés. Ces deux institutions sont toutes les deux en attente des décisions de l’état et subissent les difficultés que peuvent apporter ces décisions.

Le héros, c’est Denis, un enfant du pays, qu’il a quitté très jeune par révolte. La responsable du lieu et amie, Shérine, a réussi à le convaincre d’y présenter une rétrospective de son œuvre pour donner une impulsion à la commune et pour faire la publicité du nouveau centre culturel. Pour aider Denis dans l’élaboration de son installation, elle a mis à sa disposition, Ana, une régisseuse efficace mais au caractère bien trempé et Stéphane, un jeune étudiant en art.

Mais au fur et à mesure, Denis doute et remet tout en question. Shérine tente de lui faire entendre raison et de sauver les meubles. Ana expulse ses doutes dans des séances de slam le vendredi soir et Stéphane s’investit plus que de raison dans la défense du centre de réfugiés de la commune, pris d’assaut par les messages haineux de locaux effrayés par l’arrivée de nouveaux occupants.

Sur une scène habillée de blanc et fortement éclairée, le quatuor de comédiens, emmené par le talentueux Laurent Capelluto, offre au public une belle performance et un spectacle bien rythmé et sans temps mort. Si le sujet manque au début d’un peu d’intérêt et que la problématique des réfugiés prend une place un peu étrange dans le déroulement de l’histoire, Rétrospective est parsemé des scènes très drôles sur l’art contemporain mais aussi de beaux moments de réflexion sur la place de l’art, sur la liberté et les doutes de l’artiste subventionné.

Au final, les deux institutions, le centre culturel et le centre de réfugiés, vont vivre une histoire commune et donner à la pièce une dimension plus dramatique. Mais même si les comédiens sont formidables, qu’il y a quelques bons moments sur la place de l’art, et qu’on ne s’y ennuie jamais, on garde au fond de soi, une impression de ne pas être totalement convaincu par l’histoire qui nous est racontée.

A propos Loïc Smars 484 Articles
Fondateur et rédacteur en chef du Suricate Magazine