« Quand l’empereur était un dieu », les amalgames de la guerre…

Titre : Quand l’empereur était un dieu
Autrice : Julie Otsuka
Editions : Folio
Date de parution : 31 août 2023
Genre : Roman historique

Quand l’empereur était un dieu est inspiré de la vie de la mère et des grands-parents de l’autrice californienne d’origine japonaise, Julie Otsuka. Un roman qui retrace la déportation des Américains d’origine japonaise au lendemain de l’attaque de Pearl Harbor.

Un soir de décembre à Berkeley en Californie, le père de famille est arrêté. Pour aller où ? Pour faire quoi ? Personne n’en a la moindre idée. Tout ce qu’on sait, c’est que l’homme n’a pas même eu le temps de se changer et a été emmené en pyjama et robe de chambre, au milieu de la nuit.

Sa femme, sa fille de 10 ans et son fils de 7 ans voient aussitôt apparaître des avis dans toute la ville : les habitants d’origine japonaise doivent partir dès le lendemain dans un convoi ferroviaire. Pour aller où ? Pour faire quoi ? Encore une fois, on ne leur dit rien.

C’est de cette façon que commence le premier roman de Julie Otsuka paru initialement en 2004. Dans ce récit, personne n’est nommé. Une manière glaçante de rendre universelle l’histoire commune à toutes ces personnes. Nous allons suivre le parcours de la mère et de ses deux enfants dans le traumatisme des déportations dans des camps en plein désert aride de l’Utah. Ces Nippo-Américains sont désormais considérés comme les ennemis des Etats-Unis après l’attaque japonaise de la base navale américaine de Pearl Harbor le 7 décembre 1941.

Ce court roman se base sur trois moments-clés :

Le convoi, un très long voyage en train où les occupants sont contraints de baisser les stores par crainte de se faire caillasser par les populations américaines. Personne ne sait quelle sera l’issue du voyage mais les rumeurs vont bon train, sans mauvais jeu de mots. En faire une monnaie d’échange contre des prisonniers de guerre ? La stérilisation ? La mort ?

Vient ensuite la partie de l’arrivée au camp avec la promiscuité, l’ennui, l’interdiction des cultes shintoïstes, le rationnement, la chaleur, les grands froids et la poussière qui s’insinue absolument partout. La seule joie pour les trois personnages sont les lettres qui leur parviennent du père, interné dans un camp au Nouveau-Mexique. Même si les phrases sont incompréhensibles suite à la censure, au moins, il est en vie.

Et enfin le retour en Californie, un peu moins de quatre ans plus tard. Un retour qui ne sera pas aussi heureux que les enfants l’avaient imaginé. En effet, une autre bataille commence, celle de la suspicion des voisins, du rejet des anciens amis, de la difficulté à trouver du travail. La famille sera marquée et traumatisée à jamais. La preuve en est que l’autrice de 61 ans, qui n’a pas vécu elle-même cette situation, en fait part dans deux de ses trois romans.