De Thierry Debroux. Mise en scène de Daphné D’Heur. Composition musicale de Fabian Fiorini et Amélie Hayoz. Avec Clémence Alibert, Clara Barlow, Mickey Boccar, Gauthier Bourgois, Karen De Paduwa, Perrine Delers, Emmanuel Dell’Erba, Antoine Guillaume, Emmanuelle Lamberts, Stéphanie Mathys, Lucas Monton, Romina Palmeri, Elia Sanchez Carrascosa et Salvatore Lanbeck. Du 8 novembre au 31 décembre 2023 au Théâtre Royal du Parc.
Cocottes, frou-frou, hauts de forme et queues de pie, pour sa nouvelle comédie musicale, le théâtre royal du Parc s’est paré de ses plus beaux atours et nous emmène dans l’extravagant Moulin Rouge !
Dans l’imaginaire populaire, le Paris du début 20ème siècle à un parfum d’avant-garde et de transgression. Ville de l’amour et des artistes, abritant en son sein des êtres passionnés menant une vie sulfureuse. Des centaines, des milliers de comètes, fracassant le ciel et donnant à la Ville Lumière son éclat de bohème.
Le spectacle s’inspire de l’une de ses étoiles, Louise Weber alias La Goulue, dont la légende vit encore dans la mémoire collective. Danseuse de cancan, réputée forte gueule et dompteuse de fauves, on lui prête de nombreuses aventures amoureuses, les rumeurs atteignant même un certain Prince Galles, futur roi d’Angleterre. Muse de Toulouse-Lautrec, elle finira sa vie dans la misère. C’est que la vie est rude pour celles qui ne sont pas bien nées.
Que le show commence !
Paris Cancan c’est neuf comédien(ne)s/chanteur(se)s, quatre danseuses, pas moins de 35 numéros musicaux signés Fabian Fiorini et Amélie Hayoz, des costumes fastueux, une lumière léchée aux couteaux, des décors enchanteurs, un petit écrin somptueux d’où ne pouvait naitre que la magie.
A l’écriture, Thierry Debroux et à la mise en scène Daphné d’Heur, un duo gagnant qui arrivera à tenir à bout de bras, cette création originale qui allie parfaitement show à l’américaine et raffinement à la française. Un projet pharaonique de coordination scénique rendu possible grâce au travail chorégraphique d’Emmanuelle Lamberts, sublimée par la scénographie ingénieuse de Thibaut De Coster et Charly Kleinnermann. L’alignement des planètes était en cours. Il se clôturera magistralement par la distribution artistique.
Perrine Delers, charismatique, puissante et émouvante goulue. Romina Palmeri a la voix d’or et à la grâce folle. Emmanuel Dell’Erba en Charles Zidler, directeur du Moulin Rouge, éclatant et hilarant. Antoine Guillaume dans le rôle de Valentin le déssosé, un Monsieur Loyal élégant et au charme fou. Lucas Monton en conte russe passionné et vengeur. Gauthier Bourgois munie d’une double casquette (littérale) surprenante et gaguesque. Karen de Paduwa en merveilleux Toulouse-Lautrec, caustique, drôle et fin d’esprit. Mickey Boccar qui incarne l’âme de la musique sur le plateau. Les muses enchanteresses et félines danseuses : Clémence Alibert, Clara Barlow, Stéphanie Mathys et Elia Sanchez Carrascosa qui nous surprendra par son timbre de voix velours.
Broadway, nous les jalouserait. Nous les garderons bien près de nous.
Et puis, soudain… la grâce
Parfois, nous allons voir un spectacle en pensant uniquement nous amuser et passer un bon moment. En de très rares cas, se dégage une chose singulière, une émotion qui vous attrape, ne vous lâche pas et vous amène la chair de poule.
Il est indéniable que Paris Cancan est un féroce vivier de talents, composé de tableaux poétiques, presque cinématographiques. La qualité est là, présente, évidente, fracassante. Mais à notre sens, le plus précieux c’est que Paris Cancan a une âme. On les aurait presque vus, ces fantômes du Moulin Rouge, présents sur scène avec eux. Dans la voix de Perrine Delers, sur ce tableau final électrique, c’était la Goulue. De ce cri de rage et de passion, dans leur complicité, leur plaisir et le rire qui illuminait leurs visages, les interprètes de Paris Cancan ont fait naître une lumière qui éclaire bien plus que le théâtre royal du Parc. Ils rendent merveilleusement hommage à ceux qui vivent avec passion et à ceux qui sont partis en l’ayant vécue. Bravo les Artistes !
