« Overseas », jusqu’où irez-vous pour un meilleur avenir ?

Overseas
de Sung-A Yoon
Documentaire
Sorti le 16 septembre 2020

Aides ménagères au Koweït, nounous à Dubai ou Hong Kong, les femmes d’Overseas laissent derrière elles leur pays, leur famille pour un salaire oscillant entre 300 et 500 euros par mois. Bien loin du voyage d’agrément, cette expatriation est plutôt un terrible défi, une épreuve d’endurance à laquelle elles doivent se préparer. Au travers de ce premier documentaire, la réalisatrice Sung-A Yoon accompagne le parcours paradoxal de ces femmes abandonnant leur famille pour pouvoir leur offrir un avenir meilleur.

La caméra, fixe, témoigne du quotidien de ces femmes dans un centre de formation « de la bonne employée de maison », comme il en existe de nombreux aux Philippines. Attentives, silencieuses, elles écoutent, prennent note, recopient minutieusement les rituels de leurs formatrices. Placement des couverts, manière de plier les draps, tout est appris, mémorisé, jusqu’à devenir mécanique, automatique. Une « robotisation » nécessaire pour accomplir les missions qui leur seront confiées par leurs futurs employeurs et honorer leur contrat, quoi qu’il arrive.

Dès le début du film, Sung-A Yoon nous rappelle cependant qu’au-delà de ces mouvements exécutés machinalement, au-delà de ces automatismes, il y a surtout la création d’un bouclier mental mis en place par ces femmes, qui peut voler en éclats à tout moment. Derrière cette mise au travail, il y a l’humain, mis à mal.

Une réflexion qui nous emmène progressivement au coeur de ce groupe de femmes, où la parole devient libératrice pour s’endurcir et survivre. Les témoignages, les traumatismes, servent tantôt de matériau pour des jeux de rôles destinés à les préparer face aux situations à venir, tantôt de thérapie de groupe où le sentiment de sororité guide, renforce, guérit peut-être même des expériences vécues par chacune de ces femmes.

Au-delà d’une formation pratique, les cours dispensés par le centre renforcent le mental et enseignent à ces femmes les attitudes, les réflexes ou même les gestes qui sauvent dans des situations parfois proches de l’esclavage ou de la maltraitance. À travers ce « camp d’entraînement » aux allures parfois presque militaires se tissent des liens, des amitiés. On  apprend à connaître, à sympathiser, à rire avec ces protagonistes. On découvre leur vies, leurs rêves, leur quotidien.

Puis l’engrenage redémarre et l’humain est balayé, l’humanité réduite à des piles et des piles de papier qui s’entassent dans les couloirs d’une administration sans nom.

Habilement construit, à la limite de la narration fictionnelle, Overseas assène son propos tout en subtilité, mais avec une force inouïe. Le déchirement, la violence sournoise de la situation de ces femmes tranche avec les sourires, les amitiés, les moments intimes capturés par la réalisatrice. Un coup de poing dont on ne s’est pas encore relevé, et qui donne envie d’en savoir plus, de comprendre pourquoi, comment nous, humanité, avons pu en arriver là.


Prochaines projections : 
28/09 – Docville Leuven – 17:30
02/10 – Docville Leuven – 18:00
06/10 – Cinéma l’Ecran Ath – 20:00
08/10 – Cinéma Palace Bruxelles – 19:00
18/10 – Festival Millenium CIVA Bruxelles – 17:00
22/10 – Cinéma Vendôme Bruxelles – 19:30
12/11 – Centre Culturel Genappe – 20:00