« L’Ukraine, la République et les oligarques », comprendre le système ukrainien

Titre : L’Ukraine, la République et les oligarques
Auteur: Sébastien Gobert
Editions : Tallandier
Date de parution : 15 février 2024
Genre : Essai

Installé en Ukraine depuis 2011, Sébastien Gobert a été notamment correspondant pour Libération, RFI, Mediapart ou Le Monde diplomatique. Fort de son expérience, ce spécialiste de l’Europe centrale et orientale déchiffre pour nous, dans son nouvel ouvrage L’Ukraine, la République et les oligarques, le système oligarchique ukrainien, ses différences avec celui qui a perduré jusqu’à l’arrivée de Vladimir Poutine en Russie, et ce, afin de mieux comprendre les évolutions de ce pays, qui, en plus de se défendre face à l’agression russe, a entamé des réformes profondes afin de pouvoir un jour intégrer l’Union Européenne.

De la chute de l’URSS jusqu’à l’invasion par la Russie et l’ouverture des négociations d’adhésion à l’Union européenne, l’auteur retrace le parcours des différents groupes oligarchiques étroitement mêlés à l’histoire politique de l’Ukraine et de ses six présidents, leurs alliances, l’évolution de leurs relations avec les institutions d’État et leurs ramifications jusqu’en Europe et aux Etats-Unis.

Analyse d’un système

Et si certains pourraient penser que c’est uniquement une enquête à charge pour démontrer que ce pays trop corrompu ne remplira jamais les standards européens, ils se trompent lourdement. Car au fil de pages, on réalise comment l’Ukraine, contrairement à son voisin russe, est resté un pays pluraliste  doté d’une presse libre, entre autre parce que nul n’a réussi à bâtir une verticale du pouvoir face à la forte concurrence oligarchique. On ressent de plus une profonde empathie pour ce peuple, qui, face à la thérapie de choc entamée à la chute de l’Union Soviétique et à la vacance du pouvoir qui en a découlé, s’est fait spolier ses ressources par des groupes criminels, mais a également eu le courage d’entamer deux révolutions pour montrer que leur conscience collective n’avait pas disparu.

Et si le récit pourrait en lasser certains, les mêmes schémas d’accaparement des ressources se répétant encore et encore jusqu’à très récemment, il vaut la peine d’être lu car c’est le témoignage vibrant d’un peuple se débattant depuis 30 ans avec le mal de la corruption et de la mauvaise gouvernance, un problème qui se pose malheureusement dans de très nombreux pays et dont Sébastien Gobert analyse très bien tous les rouages.