Little Heaven : un roman horrifique très rock’n’roll !

Titre : Little Heaven
Auteur : Nick Cutter
Editions : J’ai Lu
Date de parution : 12 février 2020
Genre : Thriller, Horreur

1980. Par une nuit paisible, bien couchée dans son lit douillet, Petty, une charmante fillette, est soudainement et irrésistiblement attirée par une douce musique venant de l’extérieur. La petite sort dans la nuit pour retrouver l’envoûtant joueur de flûte. Elle ne reviendra plus.

Il se trouve que Petty est la fille d’un tueur à gages, Micah. Pour retrouver son enfant, ce dernier fait appel à deux vieilles connaissances partageant le même amour du travail bien fait, Minerva et Ebenezer, tous trois ayant déjà eu affaire quinze ans plus tôt à ce mystérieux flûtiste tout à fait redoutable, le Rôdeur.

La grande majorité de l’histoire se déroule en 1965, au moment où les trois tueurs se rencontrent. Suite à quelques déconvenues professionnelles et personnelles, ils sont contraints de faire équipe. La dernière mission du trio consistait à se rendre à Little Heaven, une communauté religieuse très stricte et autonome située au cœur de la forêt, pour y retrouver un enfant enlevé par son père. Les habitants du camp ont l’air louche, les enfants sont vicieux et la religion est omniprésente, oppressante et culpabilisante. Très vite, nos trois infiltrés comprennent que les enfants disparaissent un à un de Little Heaven où le danger émane autant du pasteur, un homme pervers et sans scrupules, que des créatures cauchemardesques qui peuplent la forêt…  Quinze ans plus tard, Micah et ses compères, parviendront-ils à retrouver Petty, malgré ce qui s’est passé dans la communauté poisseuse de Little Heaven et qui les hantent toujours? Ils risquent cette fois d’y perdre bien plus…

Sous le pseudonyme de Nick Cutter, l’auteur canadien Craig Davidson prend le pari de nous dégoûter, de nous faire rire, de nous faire peur, de nous énerver et de nous faire vivre à toute allure les péripéties d’un trio cabossé tout à fait inhabituel : Micah, un tueur borgne, Minerva, une tueuse suicidaire et Ebenezer un tueur britannique aux bonnes manières et au phrasé aussi délicat qu’une tasse de porcelaine. Ces personnages atypiques à la répartie mordante sont le point fort de ce livre, qui, s’il était adapté au cinéma, serait dans la veine d’un film de Tarantino, bourré d’humour et d’hémoglobine.

Et pour entretenir cette ambiance irrévérencieuse, l’aspect religieux est évoqué sous son angle le moins reluisant, celui des profiteurs qui abusent de la confiance des bonnes âmes un peu trop crédules.

Aussi, l’auteur exploite à merveille un concept qui a toujours fait recette : les peurs enfantines. Autant par des références à la légende allemande du Joueur de flûte de Hamelin, qu’à certaines scènes des romans les plus horrifiques de Stephen King. Nick Cutter mise sur l’enfance et ses souvenirs, pierre angulaire de bien des traumatismes, voire de psychoses dans le pire des cas.

Au final, un savant mélange qui permet de passer un bon moment de lecture, avec le risque que votre peur du monstre qui guette depuis toujours sous le lit ne revienne…