L’homme-semence d’Annette Brodkom aux Riches Claires

De Violette Ailhaud, mise en scène d’Annette Brodkom, avec Marie Avril

Jusqu’au 21 au 25 avril 2017 au Théâtre des Riches Claires

Les hommes sont partis, il ne reste plus que les femmes au village. Ne reste plus qu’une envie, une envie qui naît du ventre et éclôt en mille questions sur l’après sans homme. Les femmes du village parlent beaucoup de ce moment où un homme reviendra, elles se préparent à l’accueillir lui et sa semence, sachant que cette dernière devra être partagée entre toutes, parce la nécessité de donner la vie est grande et prime sur les jalousies et les appartenances. Alors, lorsqu’un homme enfin se dessine au loin, les femmes s’arrêtent et attendent. La première qui sera touchée par lui sera sienne et partagera sa couche en premier. Puis, viendra le moment où le partage devra se faire avec toutes pour ressemer la vie dans ces ventres vides et avides.

Le décor, une chaise et quelques bibelots dans un coin, ressemble à un paysage provençal, une lumière chaude et douce baignant constamment la scène. On ne sait jamais si c’est la lumière presque éteinte de ces femmes seules ou la lumière vive et grandissante d’une humanité qui renaît. Au milieu, dans sa robe blanche, la comédienne esquisse des pas de tango, enveloppée de ce long drap fleuri qui ondule sur scène comme un amant imaginaire avant de s’en défaire lorsqu’on son personnage perd sa virginité.

L’homme-semence est un texte écrit par Violette Ailhaud en 1919 et porté sur scène par Marie Avril qui incarne de manière assez troublante une femme à la fois très sensuelle dans son besoin physique de cet homme qui arrive et à la fois très enfant dans sa méconnaissance des choses de l’amour et du désir.

Une pièce qui interroge sur le besoin absolu de faire naître la vie et qui, dans un très beau texte merveilleusement porté, nous raconte presque la rencontre d’Adam et de ses Eve.