De Julie Dacquin, avec Bernard Sens, Laurence Warin, Thibault Pakeu et Julie Dacquin. Du 11 septembre au 27 septembre 2019 au Théâtre des Riches Claires. Crédit photo : Bartolomeo La Punzina
Alors que le monde du travail se complexifie de plus en plus et que le nombre de dépressions et autres burn-out ne fait qu’augmenter, un groupe d’employés de ce qui ressemble à une start-up moderne décide de mettre en place (et surtout, en vente) un « Happy life Package », destiné à tout travailleur cherchant à (re)trouver le bonheur en entreprise.
Escape Room se présente comme une pièce que l’on pourrait qualifier de « comédie sarcastique », où une belle place est accordée à l’ironie et à l’autodérision, dans un monde professionnel qui semble de plus en plus régi par l’appât du gain plutôt que par l’épanouissement personnel (bien souvent, non pas par choix, mais par nécessité).
Le comique de situation et l’humour présent dans les répliques fonctionnent d’eux-mêmes, mais aussi en raison de leur proximité avec des situations connues des spectateurs ou dans lesquelles ils pourraient se reconnaître… et desquelles il vaut, finalement, mieux rire, malgré leur portée dramatique.
Progressivement, les caractères et rôles de chaque acteur se dévoilent et créent une palette de personnages dissemblables et bien définis, de manière à démontrer autant que démonter des clichés ; l’une se démarquant directement comme étant la « meneuse et décideuse, l’autre, refusant la pension malgré son âge avançant, le troisième, jeune recrue arrivée grâce à de bons contacts, la dernière, observatrice responsable des ressources humaines. Plus ou moins insupportables, tous semblent surtout malheureux.
L’open-space est ainsi (et sans doute paradoxalement) un huis clos, dont les employés eux-mêmes ne parviennent pas à sortir, se heurtant constamment à un véritable mur. Cet « espace (pas si) ouvert » devient dès lors le lieu où peuvent s’explorer les rapports entre collègues, mais aussi, et plus globalement, les liens qui se tissent entre êtres humains, quand le privé et le professionnel se mêlent, invariablement, et que parfois, l’un prend le pas sur l’autre.
D’un point de vue scénographique, ces bureaux et leur emplacement, modulables à l’envi, permettent également d’originales et inattendues chorégraphies donnant à voir l’étendue du talent du quatuor de comédiens.
Que l’on se sente directement concerné ou que l’on se reconnaisse particulièrement dans les situations dépeintes dans Escape Room, la pièce permet de passer un agréable moment, rappelant des instants qui parleront de près ou de loin, avec un humour efficace, sans moquerie avec un regard tout aussi acéré que bien réel sur une part de notre société.
