Titre : Les petits vieux n’ont pas dit leur dernier mot
Auteur : Jean-Louis Serrano
Editions : City
Date de parution : 9 juin 2021
Genre : Roman
Pierre, 90 ans passés, est résident dans la maison de retraite des Pinsons. Malheureusement pour lui, sa fin de vie n’est pas aussi douce et reposante qu’il l’aurait souhaitée. La cause principale de son tourment s’appelle Maria. Elle est femme de ménage aux Pinsons et semble bien décidée à imposer sa loi cruelle et arbitraire aux petits vieux dont elle s’occupe. Lassé de la violence physique et verbale dont Maria fait preuve à son encontre, Pierre rêve d’avoir encore la force de la faire dévaler les escaliers. Le jour où Maria est retrouvée morte au bas des marches, les certitudes de Pierre vacillent. Avec son Alzheimer, il n’est plus sûr de rien. Est-ce un hasard bienheureux ou en est-il coupable ?
Les petits vieux n’ont pas dit leur dernier mot est un roman à l’atmosphère pesante. La maltraitance dont sont victimes les résidents, leur solitude et surtout le manque de considération à leur égard sont fort marqués. Ceci rappelle une triste vérité subie par certains de nos aînés, encore trop répandue.
Fort heureusement, les personnages sont attachants. Pierre vit plus souvent dans le passé que dans le présent. Ses souvenirs le hantent et se mêlent à sa vie actuelle. Le retour à la réalité est souvent difficile pour lui, même s’il a la chance de pouvoir compter sur la présence de ses amis, compagnons de galère. Dans une lecture au climat oppressant, les belles histoires d’amitié et d’amour de ces hommes et de ces femmes qui savent leur fin proche met du baume au cœur.
On soulignera les qualités de l’auteur qui est parvenu à présenter une narration à la première personne, se déroulant dans la tête d’un homme souffrant de la maladie d’Alzheimer. Bien que Pierre oscille entre vieux souvenirs, moments de lucidité et prises de consciences délicates, le récit est cohérent et reste facile à suivre. Cela met d’ailleurs l’empathie du lecteur à rude épreuve, puisque celui-ci comprend davantage que ce dont Pierre a conscience. Il est douloureux de voir ce petit vieux souffrir au fil des pages sans pouvoir en prendre la défense.
Ce roman présente une histoire inattendue car la quatrième de couverture n’en reflète pas bien le récit. En effet, on n’y retrouve ni éclat de rire ni enquête digne d’un polar, bien qu’annoncés à l’arrière du bouquin. L’histoire traite plutôt d’une réalité pas toujours reluisante d’une fin de vie en institution. Il s’agit donc d’un roman vraiment réussi et bien construit, mais qui ne répond pas aux attentes du lecteur à la recherche d’une enquête à dimension comique. Le choc de la dureté du récit, amené avec finesse et mélancolie, n’en est que plus brutal.