[Avignon OFF 2021] 12h12 à La cour du spectateur

De la Compagnie Plan Libre, interprété par Mélodie Fichan, Adrian Parker. A La cour du spectacteur à 15h30 du 10 au 31 juillet (relâches les 11, 18, 25 juillet)

On l’a rêvé, ils l’ont fait ! Mélodie Fichan et Adrian Parker ont, avec 12h12, osé aborder, mieux que Pierre Perret et son zizi, le cours sur le sexe à destination des enfants. Et peut-être aussi un peu des grands, quand on voit la frilosité des adultes au début du spectacle. Mais vont-ils réellement au bout des choses ?

Pour aborder le sujet de manière divertissante et ludique, on découvre sur la scène extérieure de La cour du spectateur, le tournage du premier pilote d’une nouvelle émission : 12H12. La présentatrice « Nora » vous invite chaque semaine à découvrir « les dessous des tabous ». Elle essayera d’éclaircir avec son public ce qu’il se cache derrière ces sujets épineux, secrets, ces choses dont on ne parle pas. Pour cette première, on nous propose une émission spéciale consacrée au sexe, à la sexualité !

Tout s’emballe très vite et, si la comédienne aborde tout d’abord le sujet de manière détournée, on entre rapidement dans le vif du sujet grâce à de multiples bricolages géniaux et un vocabulaire adéquat mais malgré tout précis et sans tabou. D’un côté, des schémas des différents plaisirs (chatouilles, fesses, caresses, bisous, etc.), de l’autre des représentations mignonnes et enfantines ou encore une ardoise pour que chaque spectateur dessine sa vision des organes sexuels. Les cinquante minutes du cours-émission TV passe à toute vitesse, les enfants se prennent totalement au jeu et les adultes se décoincent au fur et à mesure (bien aidés par l’énergie et les improvisations de Mélodie Fichan).

Le tableau pourrait paraître idyllique mais à la fin du spectacle, le constat est sans appel, il y a une faille dans ce joli spectacle. Hormis durant 20 secondes pendant la présentation du sexe comme plaisir, le spectacle n’aborde jamais la vision LGBTQIA+ de la vie, parlant de manière générale du sexe avec amour entre un garçon et une fille et de comment faire un enfant. Un tel spectacle est pourtant le moment parfait pour aborder les autres sexualités ou les recherches d’identités et éduquer les jeunes générations à la normalité de tous les êtes humains. Si on croit la bonne foi du message, on ne peut s’empêcher de se mettre à la place d’un enfant qui doute de sa sexualité ou de son genre et qui ne trouvera finalement pas de réponses le correspondant et en sortira plus triste que grandi.

Le concept et la pédagogie de 12h12 sont géniaux mais pour devenir utile et non réducteur, ils doivent s’intéresser au monde moderne et ne laisser personne sur le côté. Avec l’espoir d’aider l’enfant à comprendre le monde dans lequel il grandit et pourquoi pas, éduquer des adultes dépassés.

A propos Loïc Smars 484 Articles
Fondateur et rédacteur en chef du Suricate Magazine