« Le Prieuré de l’Oranger : partie 1 », une histoire où le féminin l’emporte…

Titre : Le Prieuré de l’Oranger : partie 1
Autrice : Samantha Shannon
Editions : J’ai Lu
Date de parution : 3 février 2021
Genre : fantasy

Comme dans tous les romans de fantasy, les auteurs de ce genre si distrayant mais ô combien complexe à mettre en place, ont pour tâche de faire comprendre aux lecteurs le fonctionnement d’un univers qui a son propre contexte politico-historico-religieux. Et Samantha Shannon, la jeune autrice de 30 ans tout ronds, a réussi le challenge avec brio !

Le Prieuré de l’Oranger nous conte l’histoire d’un monde composé de différents royaumes, mais aussi d’une reinaume. Ouille, c’est quoi ça, on est déjà perdus ! Pour les plus avisés d’entre-vous, vous aurez compris que l’autrice introduit une notion féministe de taille, à savoir que cet Etat a à sa tête une femme, qui doit impérativement enfanter une fille pour assurer la lignée. La reinaume d’Inys perdure depuis mille ans et sa reine actuelle, la 36ème de la dynastie des Berethnet, se nomme Sabran IX. Selon la légende, tant que la reine enfante, la paix règnera dans le monde du fait que le Sans-Nom, une créature destructrice issue des tréfonds de la Terre, demeurera endormie. Mais sont-ce des carabistouilles ? Certains Etats le pensent et vénèrent le Sans-Nom, causant certaines tensions plus ou moins maîtrisées entre les peuples. Mais pour combien de temps ?

En effet, les serviteurs du Sans-Nom, d’affreuses créature hybrides, sanguinaires et porteuses d’un virus meurtrier (seul élément qui nous ramène en 2021 !), sèment panique et chaos et incarnent la preuve du retour imminent du dangereux endormi.

On suivra une pléthore de personnages qui graviteront de près ou de loin, voire de très loin, autour de Sabran : Ead, une mystérieuse magicienne très protectrice ; Truyde, une adolescente aux idées révolutionnaires ; Tané, une jeune garde de mer accompagnée de son dragon, ou encore Niclays, un anatomiste passionné d’élixirs de jouvence. Et comme dans tous les bons récits de fantasy, tout le monde a un nom à coucher dehors qu’il vous faudra mémoriser. En même temps, nous présenter Josiane la dragonnière ou le Seigneur Kevin, vous avouerez que ça perd un peu de son cachet.

Dans un tel contexte à couteaux tirés, l’Inys devra peut-être envisager des alliances improbables quitte à fermer les yeux sur les divergences politiques et religieuses. Mais ce ne sera pas gagné avec Sabran qui, bien qu’à la tête d’un Etat de grande importance, est un personnage au caractère assez obtus dont les œillères sur le reste du monde démontrent un manque de connaissances, d’ouverture d’esprit voire d’intolérance. Cependant, d’autres personnages, dont la bravoure et la loyauté vous émouvront, rattraperont le coup. Et puis il y a les mauvais, qui font bien leur job, écœurants à souhait.

Samantha Shannon nous offre de rafraîchissantes pages de fantasy et ne rechigne devant aucun sujet sensible de notre époque, ce qui reflète sa volonté de rejeter les notions de racisme et d’homophobie.

Bien que la lecture soit très fluide, les rebondissements sont peu nombreux, le premier volume s’attachant surtout à dépeindre ce monde imaginaire, sa mythologie et ses personnages. Mais il est à présager que tout va s’emballer dans le deuxième volume et que l’on va en savoir plus sur ce fameux Prieuré. Il faudra prendre votre mal en patience pour connaître la suite de l’aventure, mais l’attente sera de courte durée vu que la deuxième partie, suite et fin, sortira le 7 avril. A vos agendas !