Le monde en six chansons de Daniel Levitin

Le monde en six chansons

auteur : Daniel Levitin
édition : Héloïse d’Ormesson
sortie : janvier 2016
genre : essai

Le monde en six chansons est un essai de classification de la musique rédigé par Daniel Levitin, musicien et neuroscientifique qui enseigne au Canada. Par son analyse, il aimerait démontrer que la musique n’est pas seulement un passe-temps mais un élément fondamental de notre identité. Actuellement, nous sommes bombardés de musique en permanence, un mp3 ou IPod peut contenir jusqu’à 20 000 chansons, c’est plus que ce que nos ancêtres n’auraient pu en écouter en une vie !

Et si la musique était en fait une évolution de nos capacités cérébrales permettant aux humains d’être mieux adaptés et donc par la même occasion, d’avoir une plus grande faculté à survivre ? Il est reconnu que les gènes qui ne servent à rien sont expulsés de l’ADN. Or, la musique est universelle,  elle existe depuis la nuit des temps et perdure encore aujourd’hui. Il y aurait donc une origine commune issue de la sélection naturelle. De plus, il est prouvé que les chansons sont beaucoup plus faciles à intégrer et à retenir que de longs textes à apprendre par cœur. Il existe des exemples de patients atteints de la maladie d’Alzheimer capables de se souvenir de chansons alors qu’ils ont oublié tout le reste… Daniel Levitin dresse une typologie des chansons existantes qui peuvent être associées à six catégories différentes : amitié, joie, réconfort, connaissance, religion et amour.

Tout d’abord, les chansons d’amitié existeraient pour fédérer les gens. Il est démontré que les populations qui ont réussi à se synchroniser par des rythmes étaient capables de construire de très grands édifices ou de gagner des batailles, les marches au pas des soldats galvanisaient en effet les troupes tout en impressionnant leurs ennemis. Les hymnes nationaux, les chansons populaires ou encore les chansons engagées permettent en outre à certaines populations de se regrouper derrière une idée commune. Ensuite les chansons joyeuses nous aideraient à nous sentir mieux. Elles ont la fonction de remonter le moral et peuvent même servir d’exemple. L’optimisme qui émane de la joie est un indicateur pour les autres individus, une preuve de notre santé mentale. Les chansons de réconfort apaisent et rassurent. La berceuse, par exemple, est répétitive et prévisible et la musique en général active des zones très anciennes du cerveau. C’est pourquoi la musique est omniprésente dans les gares, les stations de métros, les magasins, les ascenseurs, etc. dans le but de nous réconforter. Les chansons de connaissance quant à elles, visent à faire travailler la coordination motrice ainsi que la mémorisation. Elles servent aussi à se souvenir d’évènements importants tel qu’une histoire, une épreuve, une chasse particulièrement fructueuse, de hauts faits d’armes ou encore pour nous rappeler certaines expériences personnelles. Les chansons dites de religion ont sans doute contribué à bâtir les premières civilisations humaines en donnant du sens aux pratiques rituelles et c’est leur partage qui aurait donc permis la création d’un ordre social car ils sont liés notamment, à des espaces et des temps définis. Les chansons d’amour, enfin, font ressortir nos plus grandes qualités, ce qu’il y a de plus grand que nous, l’amour que l’on porte à d’autres que nous-même. Celles-ci s’impriment dans le cerveau mieux que tout le reste. Et sans cette capacité, les sociétés n’auraient jamais pu se construire.

Emile Durkheim disait que « tout ce qui est universel dans les cultures humaines a de fortes chances de contribuer à la survie de l’espèce ». C’est aussi le postulat de Daniel Levitin. Selon lui, si la musique est encore aussi importante dans nos vies aujourd’hui, c’est parce qu’il y a, soit une origine commune, soit une adaptation évolutive qui a permis la survie de l’être humain moderne. Le monde en six chansons est un essai très complet et extrêmement intéressant, bien écrit et parsemé de chansons, d’exemples, de discussions, d’interventions de musiciens connus et autres scientifiques en neurobiologie qui servent à étayer les explications de l’auteur.

Un ouvrage très réussi qui nous plonge dans les méandres et le fonctionnement de nos cerveaux imprégnés de musique depuis la nuit des temps.

A propos Daphné Troniseck 254 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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