« La Mort d’une sirène », immersion dans la face cachée des contes

Titre : La Mort d’une sirène
Auteurs : A.J. Kazinski et Thomas Rydahl
Editions : 10/18
Date de parution : 21 octobre 2021
Genre : Thriller

Hiver 1834. Le corps d’Anna, jeune prostituée, est retrouvé dans le port de Copenhague. Molly, la sœur de la victime, accuse le dernier client d’Anna : le poète Hans Christian Andersen. D’abord arrêté puis jeté en cellule, Andersen obtient finalement un sursis de trois jours. Trois jours pour prouver son innocence afin d’éviter la potence. Trois jours pendant lesquels il cherche, avec l’aide de Molly, le véritable coupable. Son enquête le mène dans les lieux les plus sombres et crasseux de la capitale danoise, aussi bien que dans les salles les plus luxueuses du palais royal. Cette affaire de meurtre le dépasse, et dépasse sa folle imagination.

Andersen est l’auteur de nombreux contes qui ont bercé notre enfance. Pourtant, pour la plupart d’entre nous, ce nom n’est rien de plus qu’un nom. De fait, nous avons tendance à oublier que les auteurs ont vécu de nombreuses expériences, chacun à une époque dont le contexte socio-économique influence les récits produits. Dans La Mort d’une sirène, Andersen apparaît particulièrement humain, avec ses failles et ses espoirs. Au moment du récit, il n’est pas encore l’auteur célèbre de contes pour enfants. Il est un jeune poète en proie aux désillusions et à la pauvreté, balloté entre deux mondes que réunit Copenhague : la misère qu’il souhaite quitter et la bourgeoisie de ses mécènes.

Ce roman est immersif. Entre ses lignes, la ville prend vie avec toute son indigence et la multitude d’odeurs qui la composent. Le lecteur sent la réalité, la peur, la crasse, le sang. Il perçoit l’urgence de celui qui a faim, de celui qui veut absolument éviter la mort. Il vit et ressent l’injustice de la société. C’est tout entier qu’il est transporté dans cette enquête qui défile à toute vitesse et qu’il retient son souffle quand le dénouement arrive enfin. La poésie est mêlée au tragique et les contes à la réalité. Ce livre rappelle que les histoires généralement transmises de génération en génération retranscrivent souvent quelques messages importants.

Ce roman est une vraie perle pour qui aime les enquêtes à couper le souffle, ou pour qui veut se plonger au plein cœur de l’Histoire sociale. Ceux qui aiment imaginer et comprendre les origines des contes intemporels y trouveront leur bonheur, de même que les amateurs de théories du complots ou de méchants torturés. Ce livre est à dévorer sans modération.