« La Fille sans peau » : un polar qui fait froid dans le dos

Titre : La Fille sans peau
Auteur : Mads Peder Nordbo
Editions : Actes Sud
Collection : Actes Noirs
Date de parution : 8 janvier 2020
Genre : Polar

2014. Dans la petite ville de Nuuk, au Groenland, une momie datant de l’époque Viking vient d’être découverte dans la glace. Arrivé parmi les premiers sur les lieux, le journaliste Matthew Cave est sûr de détenir un véritable scoop. Mais l’affaire prend une toute autre tournure quand, le lendemain, la momie disparaît et que le policier qui était chargé de la surveiller est retrouvé éviscéré comme un phoque.

Ce procédé sordide rappelle aux plus anciens une vieille histoire de meurtres non élucidés datant du début des années 1970. Matthew se lance alors dans les archives de la ville, sur les traces du policier Jakob Pedersen. Il réalise dès lors que ces meurtres cachaient des crimes plus odieux encore, gardés secrets à tout prix.

La Fille sans peau a tous les ingrédients du polar réussi : le passé côtoie le présent, les meurtres abjects et étranges se succèdent et les puissants complotent pour défendre leurs intérêts les plus vils. Le roman séduit dès le début par le lieux de l’intrigue. Le lecteur est plongé dans le froid, les grands espaces et la culture groenlandaise. Un lieu entre deux mondes, habité par deux populations différentes forcées de vivre ensemble, et assez isolé pour être le théâtre d’actions qui ne devraient pas être révélées.

Tous les ingrédients sont donc présents et pourtant la recette n’est pas une franche réussite. Le roman est quelque peu brouillon et a besoin d’être réajusté.

De fait, les personnages sont nombreux et parfois difficiles à distinguer les uns des autres, les noms groenlandais compliquant encore plus les choses. Un parallèle est créé entre le passé et le présent. Grâce à une alternance des chapitres, Matthew marche dans les pas de Jakob. Cependant, le manque de clarté entre les personnages fait que les deux époques finissent par se superposer, embrouillant le lecteur qui ne sait plus où il en est. Enfin, les secrets et les histoires sans lien a priori s’emmêlent tellement que le complot ne paraît même plus crédible.

Pour ce premier polar, Mads Peder Nordbo a vraiment utilisé de très bons éléments, mais il semble qu’il ait voulu en faire trop. Il y a une différence entre mettre le lecteur sur une fausse piste et le perdre complètement.

Tout n’est pas à rejeter et on espère sincèrement que l’équilibre sera davantage au rendez-vous pour le second tome de la série des enquêtes de Matthew Cave.