« La dernière fois que j’ai vu Adèle », le pire cauchemar d’un parent…

Titre : La dernière fois que j’ai vu Adèle
Autrice : Astrid Eliard
Editions : Folio
Date de parution : 18 mars 2021
Genre : roman

Un livre sur une disparition d’enfant, voilà ce qu’Astrid Eliard vous propose. Ca n’emballera peut-être pas les parents, trop sensibles sur le sujet, ni les non-parents qui se sentiront à priori moins pris aux tripes. Et pourtant. Que vous soyez femme, homme, vieux, jeune, parent ou pas, ce livre, qui n’est aucunement un polar, va vous tenir en haleine du début à la fin. Comment diable l’autrice est-elle parvenue à créer une telle dépendance avec pour toile de fond ce sujet ?

Première hypothèse : parce qu’elle nous plonge dans la vraie vie, celle de Marion, une femme de 45 ans, séparée depuis peu du père de ses enfants. Perdant peu à peu pied dans sa vie de femme, cette mère de famille ne parvient plus à renouer le contact avec eux et plus particulièrement avec Adèle, sa fille de 16 ans, en colère perpétuelle sur tout (principalement sur la scoliose qui la contraint au port d’un corset) et tout le monde. Marion noircit tristement les cases du calendrier qui représentent les jours où elles ne se sont plus adressés la parole. Ambiance.

Et puis un soir, Adèle ne rentre pas. Ne laisse pas de mot. Ne donne plus signe de vie. Comme tous les parents morts d’inquiétude, c’est le passage par la case police qui s’impose : l’hébétude face à un policier qui réclame une photo pour l’avis de recherche, la bienveillance de ce même policier supposant un rapide retour du jeune fugueur, les insomnies, les cheveux qu’on s’arrache, les reproches qu’on se fait. Bref, on ne vend pas du rêve, c’est la dure réalité qui pourrait nous tomber dessus.

Deuxième hypothèse : parce qu’on est tous passés par cette période qu’est l’adolescence. On a coutume de n’en retenir que les visites chez le dermato, la consommation excessive de parfum à la vanille à deux balles et les goûts vestimentaires douteux. Mais n’oublions pas les divergences de points de vue avec les parents et les engueulades qui allaient de pair avec les claquements de porte. Et pourtant, ces tourments que parents et enfants s’infligeaient mutuellement deviennent souvent avec le temps des réminiscences auxquelles on repense avec un sourire empreint de nostalgie. En attendant ces doux souvenirs, les rapports entre une mère larguée et sa fille rebelle ne peuvent faire que des étincelles. Encore une fois, cela nous parle.

Troisième hypothèse : parce qu’après la disparition d’Adèle, un attentat revendiqué par Daesh est perpétré dans un centre commercial des environs. La jeune fille fait-elle partie des victimes ? Et voilà les compagnes Angoisse et Culpabilité qui s’en retrouvent décuplées dans un Paris paranoïaque et méfiant. C’est ainsi que l’histoire prend un autre tournant… et vous n’en saurez pas plus !

Au final, La dernière fois que j’ai vu Adèle est une fidèle peinture de notre époque qui nous entraîne malgré nous là où on aurait préféré ne pas aller et qui reflète nos peurs, notre méfiance mais aussi notre capacité d’empathie.

Alors, convaincus ?