Alien : Covenant, des origines peu originales

Alien : Covenant

de Ridley Scott

Science-Fiction, Horreur

Avec Michael Fassbender, Katherine Waterston, Billy Crudup, Danny McBride, Demian Bichir

Sorti le 17 mai 2017

Alors qu’un reboot réalisé par Neill Blomkamp – qui verrait le retour d’Ellen Ripley/Sigourney Weaver – est annoncé, le nouveau prequel de la saga Alien, et suite de Prometheus, rebat une nouvelle fois les cartes et reprend le canevas basique de presque tous les épisodes de cette franchise cinématographique : l’équipe d’un vaisseau spatial s’aventure en terrain hostile et y rencontre une entité menaçante dont elle va avoir beaucoup de mal à se débarrasser.

Alien : Covenant met donc en scène l’équipage du Covenant, un vaisseau en mission de colonisation et en route vers une terre accueillante, qui croit avoir trouvé la destination idéale dans une planète providentielle et apparemment propice. Alors qu’ils y sont en plein « repérages », plusieurs membres de l’équipe sont infectés par un mal mystérieux et deviennent les hôtes de créatures extra-terrestres peu amènes. Contraints de rester sur place le temps de trouver une solution pour repartir, ils découvrent peu à peu les origines de cette planète et des créatures.

Si le film est bien une suite directe de Prometheus, il déjoue les attentes en ne reprenant pas d’emblée l’action là où elle s’était arrêtée à la fin du film précédent, et en passant par une autre équipe – donc un autre casting, à l’exception de Michael Fassbender qui joue dans un premier temps un nouveau personnage d’androïde –, laquelle reproduira en gros les mêmes schémas que celle du Prometheus, et finira par croiser le chemin des derniers rescapés de celui-ci : l’androïde David (Fassbender, toujours) et le docteur Elizabeth Shaw.

Il y a donc une double volonté dans la démarche d’Alien Covenant : celle de rester fidèle à une recette qui a fait ses preuves et à une structure identifiable par les fans de la saga originale, et celle de s’inscrire dans un nouvel ensemble, une mythologie qui élargirait l’univers d’Alien pour donner naissance à un autre, dérivé du premier. Cette logique est à peu près celle de la majorité des blockbusters actuels (de Marvel à Star Wars, en passant par DC Comics ou même La Planète des singes). On se trouve donc devant un produit assez roublard, et la présence de Ridley Scott (auteur du tout premier Alien) à la réalisation n’y change pas grand-chose ; il s’agit tout au plus d’une caution de légitimation destinée à se mettre dans la poche les geeks, adeptes de la « fidélité » à un matériau de base bizarrement sacralisé.

Le film en lui-même n’est pas spécialement déplaisant à suivre. Il joue précisément sur cet effet de redite, de dévotion aux films originaux, pour faire naître un effet de déjà-vu rassurant, mais ne dévie jamais de cette ligne toute tracée et, surtout, se fait in fine beaucoup trop explicatif, comme s’il fallait mettre les points sur les i pour raccorder l’arc dramatique de Prometheus et Covenant à celui de la première série des Alien. Il en découle donc une impression de lissage et de sacrifice à une certaine dictature du genre et du spectaculaire, qui empêche les reliefs et l’étrangeté d’émerger. Le syndrome le plus flagrant de ce formatage est le personnage de David, qui était ce qu’il y avait de plus intéressant dans Prometheus et qui devient ici un méchant d’opérette assez grotesque.