Cessez-le-feu, retour des tranchées

Cessez-le-feu

d’Emmanuel Courcol

Drame

Avec Romain Duris, Céline Sallette, Grégory Gadebois, Julie-Marie Parmentier, Maryvonne Schiltz

Sorti le 3 mai 2017

1923. Tandis que Marcel, atteint de mutisme depuis son retour des tranchées et vivant aux crochets de sa mère, tente de se reconstruire en apprenant la langue des signes et en commençant à fréquenter une jeune veuve de guerre, son frère Georges, lui aussi héros de 14-18, mène une vie d’aventurier en Afrique. Quand Georges revient en France et dans sa famille, la relation entre les deux frères est parasitée par les fantômes du passé, tout comme celle qu’entame Georges avec Hélène, la professeure de langue des signes de Marcel.

Premier long métrage d’Emmanuel Courcol, Cessez-le-feu est de ces films qui transpirent les bonnes intentions, de par leur sujet et l’attention toute dévouée qu’ils portent à leurs personnages. Les séquelles du retour de guerre sur les anciens combattants des tranchées est en effet ici traité avec beaucoup d’empathie, et chacun des quatre ou cinq personnages principaux est assez développé pour avoir l’étoffe d’un premier rôle à part entière, donnant ainsi à l’ensemble des allures de film-choral, alors qu’il s’agit plutôt d’un portrait de groupe assez ciblé.

Mais cette déférence au sujet et à l’humain, pour louable qu’elle soit, joue aussi malheureusement contre le film, et plus particulièrement contre sa mise en scène et son aspect visuel. À force de vouloir être un film de personnages, Cessez-le-feu devient assez vite un film de dialogues, et verse de ce fait dans une esthétique de téléfilm propre et appuyé. On y chercherait en vain des partis pris formels ou même des ambiances particulières qui permettraient au film de se démarquer d’un standard du cinéma de qualité française, sans débordement trop visible.

Le principal intérêt de Cessez-le-feu reste donc ce qui nous avait d’ailleurs attiré de prime abord : son casting. Si Romain Duris semble être en pleine entreprise de re-virilisation de son image – depuis deux ou trois films, et après avoir incarné un travesti dans Une nouvelle amie de François Ozon – et n’apporte peut-être pas à son personnage l’ampleur qu’il devrait avoir, le trio Gadebois-Sallette-Parmentier confère à leurs personnages respectifs une humanité certaine et rend le film plutôt agréable à suivre.