« Jours sans faim », combat du corps et de l’esprit

Titre : Jours sans faim
Autrice : Delphine de Vigan
Editions : Folio
Date de parution : 19 janvier 2023
Genre : Roman

Le premier roman de Delphine de Vigan, Jours sans faim, vient de sortir en poche chez Folio Gallimard. À cette occasion, nous revenons sur ce roman bouleversant et prélude des best-sellers de l’autrice française.

Paru en 2001, Jours sans faim nous livre le parcours de Laure, une jeune fille de 19 ans atteinte d’anorexie mentale. L’histoire raconte son hospitalisation, ce moment où, pour échapper à la mort, elle est obligée de se faire aider. De Vigan dépeint la maladie avec sérieux et gravité, mais aussi avec des pointes d’humour et d’ironie bien placées. À coup de phrases averbales acerbes, elle reconstruit le flux de la maladie qui imprègne son personnage. Elle décrit les amitiés nouées par Laure à la clinique, les repas douloureux, l’angoisse de la balance et du corps qui se transforme. Depuis son lit d’hôpital, Laure développe une passion pour le médecin qui la sauve. Cette attirance amoureuse d’une adulescente pour un jeune docteur peut paraître un peu clichée, mais cela a le mérite d’illustrer les mécanismes d’attachement propres à la détresse psychologique.

On appréciera le jeu de mots du titre qui résume toutes les tensions présentées dans l’ouvrage. Les « jours sans faim », ce sont les jours où elle repousse constamment la faim, vidant progressivement son corps, mais aussi des « jours sans fin », ces journées interminables passées à l’hôpital. Cela traduit une des angoisses majeures de l’héroïne : cette maladie a-t-elle une fin ? Pourra-t-elle sortir de ce cercle vicieux dans lequel elle est prise ?

De Vigan qualifie son roman de « fiction autobiographique ». En effet, elle a elle-même souffert d’anorexie durant sa jeunesse. Jours sans faim est néanmoins écrit à la troisième personne du singulier. Le premier ouvrage de Delphine de Vigan plante certains leitmotivs majeurs de son œuvre tels que le rapport au corps et à la mère. Ces thématiques resurgissent dans Rien ne s’oppose à la nuit, paru en 2011 et salué par plusieurs prix littéraires. Les lecteurs qui ont aimé d’autres titres de l’autrice à succès apprécieront sans aucun doute ce roman fondateur.

Ce livre vaut la lecture, il présente un réalisme fluide et attachant. La présence d’aphorismes tels que « vous n’avez pas besoin de mourir pour renaître » invite à des réflexions sur l’existence, l’autodestruction et la résilience. Ce combat entre le corps et l’esprit donne une belle leçon de vie.

Preuve de la pérennité de l’œuvre, Jours sans faim a été adapté au théâtre en 2021, par Violaine Brébion avec une mise en scène de Xavier Clion.