Le Grand Vertige, une aventure qui ne tient pas toutes ses promesses

Titre : Le Grand Vertige
Auteur : Pierre Ducrozet
Editions : Actes Sud
Date de parution : 19 août 2020
Genre : Roman, écologie

Déjà connu pour plusieurs romans parus aux éditions Grasset, ainsi que pour L’Invention des corps, lauréat du prix de Flore, paru aux éditions Actes Sud, Pierre Decrozet revient en cet été 2020 avec Le Grand Vertige, un roman qui traite de la coexistence de l’humain et de la nature et par extension, du changement climatique.

Pionnier de la pensée écologique, Adam Thobias est sollicité pour prendre la tête d’une “Commission internationale sur le changement climatique et pour un nouveau contrat naturel”. Pas dupe, il tente de transformer ce hochet géopolitique en arme de reconstruction massive. Au cœur du dispositif, il crée le réseau Télémaque, mouvant et hybride, constitué de scientifiques ou d’intuitifs, de spécialistes ou de voyageurs qu’il envoie en missions discrètes, du Pacifique Sud à la jungle birmane, de l’Amazonie à Shanghai… Tandis qu’à travers leurs récits se dessine l’encéphalogramme affolé d’une planète fiévreuse, Adam Thobias conçoit un projet alternatif, novateur, dissident.

La première partie du roman se présente sous la forme d’un grand roman d’aventure : c’est le temps de l’optimisme et des possibles, le lecteur se trouvant entraîné dans toutes les directions, à la découverte des écosystèmes terrestres. C’est dès lors la partie du récit la plus agréable à lire, d’autant plus qu’elle est agrémentée d’un supplément historique sur le pourquoi de la situation actuelle. Le style fluide de l’auteur convient parfaitement à cette aventure, sorte de course au trésor vers le graal écologique.

Malheureusement, en même temps que s’essouffle la soif d’aventure des scientifiques et voyageurs du réseau Télémaque, ceux-ci se heurtant à l’establishment et aux limites du système, cette narration libre et arborescente semble de plus en plus hors-propos. Passé le temps de l’action, vient celui de la réflexion, et le lecteur aura souvent l’impression que Pierre Decrozet lance des pistes comme un brainstorming géant, sans soutenir aucune d’entre elles. Le résultat est une dernière partie assez floue et confuse, qui n’apportera plus grand-chose au récit.

Au final, si l’auteur pose les bons constats et arrive à séduire le lecteur un temps, il perd malheureusement celui-ci en chemin, la fin n’étant qu’une suite de concepts lancés au lecteur, qui ne voudra pas toujours mordre à l’hameçon.