« Georges Feydeau » par Violaine Heyraud : l’homme qui voulait écrire des comédies

Titre : Georges Feydeau
Autrice : Violaine Heyraud
Editions : Folio
Date de parution : 29 juin 2023
Genre : Biographie

Georges Feydeau par Violaine Heyraud est la biographie de l’auteur éditée chez Folio biographies. D’autres personnalités ont vu leur vie épinglée dans la même collection : Boris Vian, Albert Camus, Molière, etc. Ce sont des œuvres qui permettent d’avoir un aperçu rapide d’une personne connue, et qui retracent chronologiquement, comme une fiche Wikipédia en mieux, les lignes de force de leur vie. Il est ici question du vaudevilliste peut-être le plus connu de sa génération ou même du théâtre français, dont les pièces telles que Le Dindon, La Dame de chez Maxim ou Un fil à la patte, entre autres, continuent à être jouées en Belgique, en France et ailleurs.

Georges Feydeau (1862-1921), est né dans la bonne famille, son père, Ernest Feydeau, étant écrivain également, ami de beau monde comme Flaubert et des Goncourt. Ernest n’est cependant peut-être pas son père biologique, comme les rumeurs se répandent. Sa femme, Léocadie Zelewska, était une courtisane, qui a fait beaucoup parler d’elle. Heyraud ne lui donne pas beaucoup la parole, mais le train de vie des Feydeau était du style « nouveau riche », d’après des témoignages, et les revenus de l’écriture seule ne pouvaient être la source de tant de faste. On lui prêtera donc beaucoup d’aventures,  à cette femme, notamment des relations monnayées avec des hauts dignitaires, dont Napoléon III. Ce mystère originel hantera Georges jusqu’à la maison de santé où il finit sa vie dans une sorte de démence, se prenant parfois pour un empereur.

L’auteur eut donc durant son enfance une vie de famille où le sexe était aussi une affaire publique. À la mort de son père, quand Georges n’avait alors que 11 ans, il fut pris sous son aile par Henry Fouquier, critique littéraire, nouveau mari de sa mère. Le petit Feydeau commença très vite à écrire, des monologues surtout, jouer ensuite, puis mettre en scène et produire ses pièces. Le succès fut au rendez-vous et lui permit de vivre une vie d’esthète, d’observer ses contemporains, de travailler et vivre la nuit tandis qu’il dormait le jour. Il dépensait, comme son père, des sommes qu’il ne possédait pas, dans l’achat de beaux objets d’art ou en jouant aux cartes.

Sa relation avec sa femme, Marie-Anne Duran, reste énigmatique, peu documentée. Violaine Heyraud ne l’a fait pas beaucoup exister. Le couple avait des relations extraconjugales, ce qui le condamna peu à peu. Des rumeurs sur l’homosexualité de l’auteur subsistent. Il divorcèrent après vingt ans de vie commune, et Feydeau vécut seul, à l’hôtel surtout, avant de décliner rapidement, suite à une maladie qu’on croit être d’origine vénérienne. Sa vie familiale lui donna donc de quoi écrire une dizaine de pièces décrivant des relations maritales hypocrites et mensongères, sans amour, vouées à la tromperie.

Violaine Heyraud retranscrit la vie de cet homme mystérieux (on ne possède pas beaucoup d’informations sur ses vues politiques, sauf qu’il n’aimait pas prendre parti) dans une écriture fixée sur les dates, les lieux et les noms. Elle laisse peu de place aux femmes de sa vie. Certaines formules sont un peu vieilles, datées, et on sent également une certaine volonté de ne pas s’engager, comme Feydeau, par peur de mettre des mots sur des réalités : oui, l’auteur (et son époque) était (déjà) sexiste et raciste. Nous n’avons peu accès à l’acte créatif en lui-même de l’écrivain, peu aidé par le fait que toutes les archives (épistolaires, notamment), ne sont pas encore disponibles. On sait qu’il souhaitera toute sa vie écrire autre chose qu’un vaudeville, genre considéré comme peu noble. Il aurait voulu écrire une comédie (une vraie) par exemple ou un drame. Ironie du sort, il est pourtant considéré aujourd’hui comme un roi de la comédie.