« John Lee Hooker : Boogie-Woogie Anyhow », portrait d’un caméléon musical

Titre : John Lee Hooker : Boogie-Woogie Anyhow
Auteur : Olivier Renault
Editions : Le Mot et le Reste
Date de parution : 3 décembre 2021
Genre : Musique, Biographie

Parmi les musiciens ayant considérablement marqué le Blues de leur empreinte, John Lee Hooker figure en très bonne place aux côtés des célèbres Muddy Waters, BB King, Buddy Guy et autres Robert Johnson pour n’en citer que quelques-uns.

Vingt ans après la disparition de l’artiste, c’est sur une carrière longue de plus de soixante années que l’auteur Olivier Renault revient aujourd’hui pour les éditions « Le mot et le reste ».

Si le grand public connaît surtout John Lee Hooker pour son apparition dans les Blues Brothers (John Landis, 1980), ses morceaux Boogie Chillen, No Shoes et surtout le fantastique Boom Boom, il est pourtant bien difficile de cerner la carrière de cet artiste, véritable caméléon ayant su s’adapter aux modes musicales et nous ayant laissé une discographie colossale.

On appréciera ainsi que l’auteur fasse le tri dans toute cette matière afin d’aider le lecteur à y voir plus clair, mettant par la même occasion en lumière certains albums immanquables ou morceaux moins connus. Ainsi, si Hooker ‘n Heat, le célèbre album enregistré par le musicien en compagnie du groupe Canned Heat en 1971 fait partie de ses plus connus, Olivier Renault mettra également en valeur les merveilleux Jack O’ Diamonds (2004) ou Alone (1980), ainsi que The Healer (1995) figurant parmi les albums de Blues les plus vendus au monde.

Du point de vue des chansons, on appréciera la (re)découverte de perles comme Tupelo Blues revenant sur les terribles inondations de la région du Mississippi en 1927, Maudie écrite suite au dernier divorce du chanteur, I don’t wanna go to Vietnam aux allures de Protest Song, ou encore le très beau Rockin’ Chair.

Tout cela sans compter la jolie découverte du Live at Newport (1960) qui aura influencé quantité d’artistes parmi lesquels les Rolling Stones ou Eric Clapton, ou également le documentaire That’s my story (2001) qui permet de mesurer l’impact de John Lee Hooker sur le Blues.

Par son travail, Olivier Renault met ainsi en évidence la richesse de l’œuvre « hookerienne » tout en facilitant au lecteur l’entrée dans cet univers. Avec en prime une intéressante analyse par l’auteur de ce que représente la musique du diable  : « Le blues n’est pas que la perception du manque et de la douleur, mais la lucidité sur sa situation et le courage d’y faire face ». (p. 200)

Néanmoins, l’ouvrage n’est pas exempt de défauts et souffre de certaines longueurs. La première partie par exemple, consacrée à l’enfance de John Lee Hooker sera à ce titre déroutante, tant les informations manquent sur le sujet. Olivier Renault avouera cependant les carences sur ce plan et la nécessité de broder quelque peu. Il insistera alors sur l’histoire du Blues dans le Delta du Mississippi. Si cet historique est loin d’être inintéressant et offre un contexte à l’ensemble, on aura parfois l’impression de s’éloigner du sujet, le livre ne commençant réellement qu’aux alentours de la soixantième page avec les débuts musicaux du bluesman.

Au-delà de cela, on constatera avec étonnement les nombreuses fautes de frappes et d’orthographe subsistant dans l’ouvrage, chose particulièrement inhabituelle aux éditions « Le mot et le reste »… Çà et là, ces coquilles à répétition auront parfois pour conséquence de sortir le lecteur du livre, écueil regrettable et facilement évitable.

En somme, John Lee Hooker : Boogie-Woogie Anyhow est un ouvrage dense dans lequel on sent toute la passion de son auteur, un ouvrage permettant au lecteur de découvrir la carrière d’un géant du Blues par le prisme d’un connaisseur ayant réalisé une présélection dans la discographie labyrinthique de John Lee Hooker. Si certaines longueurs rendront parfois l’ouvrage difficile d’accès, il n’en constitue pas moins une plongée riche dans la carrière d’un musicien célèbre et pourtant parfois trop méconnu !