Halka aux Halles de Schaerbeek

Présenté par le Groupe Acrobatique de Tanger

Création Collective / Groupe acrobatique de Tanger : Amal Hammich, Mohammed Hammich, Najwa Aarras, Mohamed Takel, Ouahib Hammich, Hamza Naceri, Mohammed Achraf Châaban, Abdelaziz El Haddad, Mustapha Aït Ouarakmane, Mhand Hamdan, Samir Lâaroussi, Hammad Benjkiri, Adel Châaban, Younes Yemlahi

Le Suricate Magazine était aux Halles de Schaerbeek ce mardi 20 décembre pour la première de la pièce Halka, portée par le  Groupe Acrobatique de Tanger. On vous raconte.

Un cercle illumine la scène. Lentement, des hommes en tenue traditionnelle se regroupent autour de celui-ci, se penchent pour attraper un foulard coloré (facha) et le nouent autour de leur taille. D’autres hommes vêtus d’un costume les rejoignent, agrippent leur foulard et les font virevolter. Des duos qui suggèrent une fracture identitaire dans la société marocaine. La frivolité et la liberté se voient enchaînées par des lois austères, le contemporain s’oppose au traditionnel, le profane fait contraste avec le sacré. A l’image de cet acrobate qui porte un petit bout de femme et la manipule dans tous les sens sur scène, tel un mannequin, puis l’abandonne.

Commence alors un tourbillon de cabrioles et de voltiges tout en légèreté. Les acrobates grimpent sur les hommes en costumes, comme pour les convaincre de jouer avec eux. Ils expriment leurs émotions avec un humour sans limite, presque clownesque, à l’image de leurs acrobaties et pyramides humaines, qui donnent le vertige. Les hommes quittent petit à petit leurs costumes sévères et s’expriment de façon touchante, entre chant et poésie déclamée, sur fond de percussions. La pièce alterne subtilement musique traditionnelle et musique contemporaine. Les acrobates s’observent et se provoquent, dans un chahut convivial et espiègle, mais exercé avec minutie. Tous s’amusent sur scène et font participer le public, qui bat la mesure. Parfois, ils se rejoignent et s’assoient en cercle. L’un d’entre eux prend alors la parole pour leur conter des histoires engagées. Ils forment ainsi une Halka, qui désigne en arabe « un spectacle traditionnel de plein air ». Au Maroc, ce rassemblement sur les places publiques est l’occasion de transmettre un savoir artistique et culturel.

Halka évite la recherche persistante de scénario, faille parfois tangible dans la discipline circassienne, et propose une suite de sketches, légers mais porteurs de sens et de puissantes émotions. L’énergie et la force des acrobates impressionnent, leur harmonie donne à sourire. Côté scénographie, celle-ci est réduite à son plus simple appareil et se résume à des bassines de métal (djefna), qui se font tour à tour table, podium, chapeau et fardeau, ou encore percussions. Sanae El Kamouni (à l’origine de la création de la troupe) nous expliquera plus tard que les djefna sont utilisées par les femmes marocaines pour faire leurs lessives, et servent également de percussions lors des mariages traditionnels.

Estelle Vandeweeghe et Elise Lonnet