Fuki-no-tô d’Aki Shimazaki

auteur : Aki Shimazaki
édition : Actes Sud
sortie : avril 2018
genre : roman

Atsuko menait une existence simple et heureuse, tellement simple qu’il serait difficile d’en parler avec des mots compliqués. Alors, c’est avec cette même plume franche et naïve que nous lui connaissons, que l’auteure canado-japonaise  nous raconte ce qui viendra bouleverser la quiétude d’une vie. Atsuko venait de réaliser un rêve, celui de venir s’installer dans la ferme biologique que lui avait légué son père. Mitsuo, l’homme avec qui elle partage sa vie, avait même accepté de la suivre dans ce projet bien que, citadin jusqu’au bout des doigts, il ait eu du mal a laisser derrière lui l’agitation de la ville. Pour Mitsuo, ce compromis était une façon de rétablir l’équilibre familial que sa relation adultère avait mis en péril.

Mais alors qu’Atsuko cherche une aide pour les travaux agricoles, elle embauche une ancienne camarade qui la trouble de plus en plus. Ensemble, elles vont récolter les Fukis, plantes japonaises comestibles, qui deviendront les témoins d’une passion secrète et prohibée. Fuki-no-tô c’est l’histoire de cette idylle mais aussi le regard du Japon sur l’homosexualité. C’est l’histoire d’un dilemme, celui de partir avec l’être aimé ou de rester par loyauté.

Aki Shimazaki n’est pas une auteure comme les autres. Son œuvre se lit sous forme de cycle. Chaque cycle comprend cinq livres qui même s’ils recoupent une même thématique, sont indépendants les uns des autres. Fuki-no-tô est le quatrième livre du troisième cycle, après Azami, Hôzuki et Suisen. Pour ce dernier livre l’auteure ne change pas sa recette puisqu’elle marche : une écriture très épurée, pas de fioritures ni de détails inutiles, le strict minimum pour traiter de sujets très réalistes comme l’amour, le désir, le dévouement, l’empathie ou l’égoïsme.

C’est son style littéraire qui permet aux récits d’Aki Shimazaki, telles de petites balades délicates, de faire voyager le lecteur occidental dans des contrées lointaines. Car, derrière le choix de thèmes très universels, se cache en sous-texte la volonté de faire parler une société bien particulière : celle du Japon traditionnel. Mais d’un autre côté, ce n’est pas une complète réussite. Le ton laconique qu’Aki Shimazaki revendique décontextualise un peu le récit qui laisse alors un arrière-goût d’inachevé. Et finalement le lecteur est un peu décontenancé en lisant Fuki-no-tô en ce qu’il se présente un peu comme une porte ouverte sur un monde, certes poétique, mais mal tracé et dont on aimerait en savoir plus.