Le festival Millenium revient, plus engagé que jamais

Le festival Millenium, toujours poing levé, est de retour, plus engagé que jamais, pour sa 9ème édition du 24 mars au 2 avril, au détour de nos salles belges qui célèbrent encore et toujours le cinéma parmi lesquelles, Galeries, Aventure, Actor’s studio et Bozar qui accueillera la cérémonie d’ouverture.

Une année s’est écoulée depuis la dernière édition, une année aussi depuis les attentats de Bruxelles à Zaventem. Le Millenium festival avait lutté contre les dictats de la peur en maintenant ses séances ; cette année, il combat les tabous avec une thématique basée sur « l’après » en abordant les conséquences engendrées par ce fléau à visage mi-homme mi-bête. Ce sera notamment l’occasion de voir ou de revoir le très primé The Father, the Son and the Holy Jihad de Stéphane Malterre, qui retrace l’histoire d’une famille d’origine syrienne immigrée en France à travers l’évolution politique et sociale nationale ou encore Gulistan, Land Of Roses qui suit ces femmes guerrières du PKK parties lutter contre Daesh.

Autre thématique qui pourrait, à tort, être perçue comme plus légère, le focus World Wide Web aborde la dualité du Global Village énoncé par McLuhan. Le web est une arme que l’on peut utiliser mais qui peut aussi se retourner contre nous. La dialectique puise dans cette dualité avec d’un côté des questions engendrées par l’autopromotion et la liberté d’expression à travers des documentaires alarmants comme Facebookistan de Jakob Gottschau mais aussi, à l’inverse, en prônant l’outil de rassemblement et de solidarité que les réseaux sociaux rendent possible à travers Levante ! de Barney Lankester-Owen et Susanna Lira.

Le focus Parcours de vie rassemble des cinéastes et documentaristes qui travaillent sur la durée et la continuité. A travers un prisme personnel, Clare Weiskopf dans Amazona, n’a pas peur de se livrer à la douleur lorsqu’elle nous embarque à la rencontre de sa mère partie depuis 30 ans ; au même titre que le réalisateur néerlandais Alex Pitstra dans Benzness As usual lorsque nous le suivons à la recherche de ses racines. Raoul Peck, dans I am not your negro, recule d’un pas jusqu’au macro, sans pour autant se détacher du micro, en se retraçant à travers la grande histoire.

A défaut des tristes catégories habituelles, le festival s’arme de compétitions aux thématiques qui, pour une fois, prônent le réel intérêt du film. Pas de catégorie comédie, thriller ou horreur mais des compétitions qui rendent hommage au meilleur film pour les Droits de l’Homme, sur le développement durable ou sur les travailleurs du monde pour ne citer qu’eux.

De la même trempe que son grand frère, le Festival Cinéma Méditerranéen, le Millenium festival, à travers l’image mobile, nous donne à voir mais surtout à réfléchir. Petit ou grand, nous sommes tous ciblés, tous acteurs de l’Histoire et, comprendre nos erreurs d’hier c’est nous permettre d’être meilleur demain. Loin pourtant de condamner notre monde, le festival, à travers le cinéma tout en pointant les enjeux de notre époque, ne cesse jamais de célébrer sa beauté.

A propos Audrey Lenchantin 56 Articles
Journaliste du Suricate Magazine