Brightburn : l’enfant du mal, concept creux

Brightburn : l’enfant du mal
de David Yarovesky
Epouvante-horreur
Avec Elizabeth Banks, David Denman, Jackson A. Dunn
Sorti le 26 juin 2019

Tandis que le genre super-héroïque continue d’attirer les foules au cinéma, certains projets se démarquent en proposant de réinterpréter cette mythologie. Si divers films comme Defendor (Peter Stebbings, 2009), Super (James Gunn, 2010), Chronicle (Josh Trank, 2012) ou, plus récemment encore, On l’appelle Jeeg Robot  avaient réussi l’exercice avec intelligence, d’autres concepts échouent parfois dans cette dynamique. C’est le cas de Brightburn !

Tori et Kyle Breyer sont deux fermiers habitant le village de Brightburn. Un soir, ils découvrent une navette spatiale contenant un enfant et choisissent de l’adopter. Quelques années plus tard, celui-ci – nommé Brandon – commencera à manifester des capacités hors du commun !

Brightburn est une réinterprétation du mythe de Superman dans laquelle l’enfant venu de l’espace choisira d’utiliser ses pouvoirs à mauvais escient au lieu de devenir un symbole de justice et d’équité. Ce postulat de départ pourrait être rapproché de la série Elseworlds de DC Comics, des récits dans lesquels les origines des héros sont différentes de ce que nous connaissons généralement : et si Superman avait atterri en Russie soviétique (Superman : Red Son, 2003) ? Et si il avait été adopté par Thomas et Martha Wayne au lieu de grandir dans la famille Kent (Superman : Speeding Bullets, 1993) ?

Ce faisant, le film s’autorisera des emprunts à l’imagerie développée dans Man of Steel que l’on retrouve d’entrée dans sa bande annonce.

Néanmoins, outre ce concept particulièrement intéressant, Brightburn ne dispose pas d’énormément de qualités. La réalisation est convenue, le montage linéaire au possible, l’installation des personnages catastrophique, la direction d’acteurs inexistante et le tout parfois incohérent.

En effet, le montage consiste uniquement en une alternance de séquences sans que l’on observe toujours la transition nécessaire d’un point à l’autre de l’intrigue. Le film tout entier aura alors parfois des allures de patchwork maladroit. À cela s’ajoute une direction d’acteurs pas toujours heureuse qui alourdira fortement certaines scènes.

Enfin, la construction des personnages elle-même laissera souvent à désirer. Pour ne prendre qu’un exemple, le père de Brandon oscillera sans arrêt entre psychose et amour profond pour son fils, minimisant les choses un instant avant de prendre une décision radicale et inexpliquée l’instant d’après.

En résumé, Brightburn n’a pour réelle qualité qu’un concept particulièrement original et il semble que les scénaristes en aient conscience, tant le film accumule maladresses et ficelles faciles, comme pour remplir 90 minutes de cinéma. Sans oublier que, lorsque l’on vend un film en indiquant sur l’affiche « Par le producteur de » – dans le cas présent, « Par le producteur James Gunn, réalisateur des Gardiens de la Galaxie », c’est souvent le signe d’un film bancal vendu sous couvert d’arguments marketing douteux…