Bons baisers de Limon

Scénario : Edo Brenes
Dessin : Edo Brenes
Éditeur : Casterman
Sortie : 08 septembre 2021
Genre : Roman graphique

De retour dans son Costa Rica natal, Ramiro tombe sur une boîte pleine de vieux clichés de famille. L’histoire que semblent raconter ces photographies muettes l’intrigue. Il devient fasciné par le passé de ce grand-père qui, physiquement, lui ressemble tant et dont il ne connaît rien. Ce grand-père combinard, qui a la descente facile et le feu aux fesses. Pour trouver des réponses à ses questions, Ramiro va creuser les souvenirs de ses proches, jusqu’à déterrer un profond secret. Voici pour la trame de Bons baisers de Limon, le récit partiellement autobiographique d’Edo Brenes.

Un mélange d’anecdotes familiales et de récits affabulés

« J’aimais l’idée d’écrire un récit qui s’inspire de ma propre histoire, mais s’en détache également, que les limites entre réalité et fiction soient si floues, qu’il soit pratiquement impossible de les distinguer » se confie l’auteur qui puise son inspiration dans le film Fargo. Il mélange à ses anecdotes familiales, des récits affabulés, semant le doute dans l’esprit du lecteur. Edo n’est pas Ramiro. Mais ce qui est bien réel en revanche, ce sont les photographies dont s’inspire l’auteur pour dessiner son histoire. Ce sont près de 1400 clichés qui se sont retrouvés en sa possession et qui sont à l’origine de 80 % du contenu visuel de l’ouvrage.

Un traitement visuel différent

Innovant dans son rapport au tabulaire, Edo Brenes rompt avec une tradition de la bande dessinée qui revendique la séquentialité de l’action par la case. Bons baisers de Limon est, visuellement, construit comme un album de famille. Chaque page se divise en une série de photographies dont les phylactères correspondent aux témoignages d’un des membres de la tribu. Le texte ne pourrait exister indépendamment de l’image et vice-versa. Si le procédé est ingénieux, le traitement graphique reste assez conventionnel avec un léger manque d’expressivité dans les attitudes.

Ramiro remonte son arbre généalogique, un arbre qui prend racine dans le village de Limon. Dans ce petit hameau, tous les habitants se connaissent et se marient entre eux. Il y a une véritable empreinte géographique dans l’histoire que raconte Edo Brenes, comme si le lieu était lui-même un proche de la famille. Et si le village situé au centre du pays semble épargné par la guerre, cela illustre, une fois encore, les libertés que prend l’auteur vis-à-vis du réel. S’inspirant de l’image de Paris que véhicule Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain, Bons baisers de Limon est une version sublimée de Limon que nous propose Edo Brenes, d’autant plus que le véritable village est souvent pointé comme une zone dangereuse du pays.