[BIFFF 2024: jour 6]: de Corée jusqu’en France, on voyage grâce au BIFFF

Dr Cheon and the lost talisman

Parmi les films de fantômes, il y a ceux que l’on pourrait classer dans la catégorie des comédies, tel Ghostbusters qui se moque gentiment des phénomènes paranormaux et prend prétexte des êtres de l’au-delà pour nous faire rire et ceux dont le but est de nous glacer les os. Dr Cheon and the lost talisman se situe clairement dans la première catégorie, même si certaines scènes d’ambiance -l’arrivée dans le village notamment – pourraient mettre mal à l’aise certains spectateurs.

Le Dr Cheon gagne sa vie en pratiquant de faux exorcismes pour des clients persuadés qu’ils sont hantés par des fantômes. Il en profite pour alimenter une chaîne YouTube qui fait sa renommée. Un jour, une jeune femme vient le trouver pour lui demander d’exorciser sa sœur, possédée par un esprit maléfique bien réel.

Dr Cheon and the lost talisman joue clairement sur plusieurs tableaux. D’une part, il se moque clairement des Coréens fortunés dans sa première partie, de leur superstition et de leur propension à vouloir tout régler grâce à l’argent et aux relations, alors que d’autre part, dès l’apparition du vrai fantôme, son scénario met plutôt l’accent sur le côté aventure, faisant régulièrement des références au monde chamanique et aux croyances traditionnelles coréennes.

Ce mélange des genres donnent un film relativement équilibré, où l’humour est toujours présent et les scènes d’action bien rythmées pour garder l’attention du spectateur tout au long du film. Mention spéciale également à la photographie, qui crée à plusieurs reprises des ambiances un peu glauque qui nous rappelle les meilleurs films de genre.

Même si certaines références culturelles feront défaut aux spectateurs occidentaux, ils apprécieront néanmoins ce Dr Cheon and the lost talisman grâce à son humour et son rythme soutenu. Une bonne surprise qui élargit encore un peu notre horizon culturel.

The Soul Eater, un thriller français efficace sur fond de légende urbaine

Enquêtant sur une histoire de disparition de plusieurs enfants durant les 6 derniers mois, le gendarme Franck De Roland se retrouve à mener son enquête dans un coin perdu des Vosges. Sur place il rencontre la commandante Elisabeth Giuardiano qui enquête elle sur un double homicide hyper violent d’un couple pourtant sans histoire dans leur domicile, juste avant un petit déjeuner tranquille. Evan, le fils du couple est retrouvé terrorisé dans la cave. Interrogé par la commandante, il ne parle que d’une chose : le mangeur d’âme venus pour ses parents et qui ne va pas tarder à revenir dans le village.

Forcés de coopérer, Franck et Elisabeth parviennent à mener leurs enquêtes ensemble sans tomber dans le cliché du bon flic /  mauvais flic. L’ambiance qui règne dans le village ne donne pas envie de s’y attarder, les témoins sont peu bavard et la police locale est en sous-effectif, peu impliquée voir même largement incompétente. Reste à investiguer sur cette histoire de mangeur d’âme alors que d’autres meurtres sanglants se produisent dans le village et que des statuettes en bois sont retrouvées sur le lieu du crime.

Difficile de parler de The Soul Eater sans trop en dévoiler. L’intrigue est bien pensée, avec quelques retournements de situations au bons moments, une histoire glauque sur fond d’enlèvement d’enfants et de légende urbaine. The Soul Eater reprend tous les bons ingrédients d’un thriller réussit : des enquêteurs compétents et touchants, mais sans tout de même trop s’attarder sur leur vie privée, du suspens, une intrigue prenante et surtout une histoire hyper bien pensée en jouant sur une légende urbaine propre au village. Le tout porté par Virgine Ledoyen et Paul Hamy, tous les deux très convaincants dans leurs rôles d’enquêteurs.

Your Monster, entre vengeance et reprise de confiance en soi, enfin un bon feel good movie!

Le film commence mal pour Laura, après un diagnostic de cancer et une opération qui va avec, elle se fait larguer par son copain alors qu’elle est encore à l’hôpital. De plus le rôle que son ex lui avait promis dans sa comédie musicale, qu’elle à aider à écrire qui plus est, et qui était censé lancer sa carrière va être donnée à une autre. Dépitée et seule, elle retourner s’installer temporairement chez sa mère absente. Après des jours à pleurer et quelques bruits sourds provenant de l’étage mais qui ne l’inquiète pas vraiment, elle rencontre ou re rencontre le monstre qui vivait sous son lit quand elle était enfant. Pas de chance le monstre n’est pas enchanté à l’idée d’avoir une colocataire et donne deux semaines à Laura pour quitter la maison sous menace de mort. Les deux semaines passent avec une vie de colocataire presque normal qui s’installe entre les deux personnages.

Your Monster est une bonne comédie romantique décalée et drôle. Le personnage de Laura, inspiré de la vie de la réalisatrice Caroline Lindy pour le côté cancer et petit ami incompétent est hyper touchant. Son interprète, Melissa Barrera tient très bien le rôle, elle est drôle quand il faut l’être et touchante quand il faut l’être. La galerie d’autres personnages qui gravite autour d’elle est aussi bien pensée, entre l’ex copain manipulateur et la meilleur amie uniquement centrée sur elle. Le film est définitivement un Feel good movie, avec en prime une bonne histoire de vengeance et de reprise de confiance en soi. La vengeance est un plat qui se mange froid, et pour le coup sur scène et avec un peu de sang.

Deep Dark, un survival dans la mine de L’île du Diable

En 1956, l’industrie des mines bat son plein en France. Amir, un jeune marocain désespérément à la recherche d’un boulot parvient à se faire sélectionner au Maroc pour être envoyé dans le nord de la France. Il sera affecté à L’île du Diable, la mine la plus dangereuse du pays. Là il y rencontre l’équipe qu’il doit intégrer avec laquelle l’entente n’est pas toujours idéale, entre remarques racistes et difficulté d’adaptation, ça commence mal pour Amir. Et ça se s’arrange pas avec la venue du professeur Berthier qui va descendre avec eux à mille mètres, soit plus profond que la mine actuelle, pour réaliser des prélèvements. Des prélèvements de quoi? On ne sait pas trop, Berthier est vraiment peu loquace, s’extasie sur des écritures anciennes gravées sur les parois et finit par mettre l’équipe en danger. Après avoir fait dynamiter une partie du sol, l’équipe tombe sur une ancienne galerie, là ou d’anciens mineurs se sont autrefois retrouvés bloqués et ont péri. Et en prime, une crypte millénaire avec, forcement, une créature qui fait la sieste dedans et qui va vite être dérangé.

Deep Dark commence avec une bonne énergie et instaure une tension qui malheureusement chute rapidement après la première partie du film. Le monstre n’est vraiment pas convaincant, moins on le voit et mieux c’est, et l’intrigue liée à son histoire n’est pas toujours hyper clair. Encore moins la manière dont les survivants doivent s’échapper de la galerie. On sent bien une influence de Germinal, d’Alien et d’Indiana Jones par moment mais sans jamais arriver à donner quelque chose de vraiment abouti. Deep Dark parvient tout de même à imposer au spectateur son univers sombre et oppressant, la grande majorité du film se passant dans les galeries de la mine.