Ecrit et mis en scène par Anne-Sophie Nédélec, avec Lara Bakar, Thibault Gueye et Nastassia Silve. Au Théâtre du Centre à 11h20 du 7 au 29 juillet (relâche les 11, 18 et 25 juillet).
2,3% de la population sont « HPI », « surdoués », « précoces », « zèbres »… Noyés au milieu de ceux qu’on nommera neurotypiques, ces neuroatypiques sont souvent incompris et perdus dans la masse de leur différence. Mais comment comprendre sans recherches ? Comment s’adapter sans soutient précoce ? Comment évoluer lorsque même des professionnels ne vous comprennent pas ? Dans Zébrure, la face cachée des HPI, Anne-Sophie Nédélec répond partiellement à ces questions. Loin de nous délivrer une théorie scientifique globalisante, elle nous entraîne dans l’intimité de quatre personnages clés et de leur entourage, apportant avec sensibilité et justesse des tranches de vies empreintes de décalage, d’humour, d’émotion mais également de mal-être.
Sur la scène, un ring de boxe nous accueille. A ses extrémités, deux tabourets et deux seaux qui contiendront divers accessoires astucieusement placés. Une veste pend également de chaque côté. Tout est pensé afin de permettre au spectateur d’appréhender facilement les changements de personnage apportés par les trois acteurs, des vêtements adaptés à chacun aux accessoires. Les enchainements sont fluides et rien n’est laissé au hasard, nous permettant de nous plonger dans l’histoire sans crainte.
La pièce nous présente Laetitia, qui cherche à comprendre ce sentiment de tristesse qui l’habite alors que sa vie lui semble parfaite, Morgane, une adolescente malheureuse qui peine à sortir de son enfer personnel, Charlotte qui se découvre à travers le diagnostic de sa fille, et Romain, qui trouve un équilibre dans sa relation avec sa femme et prend peur lorsque son propre enfant hérite de ce qui le hante. Si des clichés sont énoncés, ils ne manquent jamais d’être rectifiés par nos protagonistes. Chaque acteurs incarne de multiples personnages, allant de nos personnages principaux aux médecins, aux amis, ou encore aux psychologues, au fil des rencontres. Leurs prestations nous éblouissent de justesse, chacun parvenant à sa manière à nous entraîner dans l’univers de leurs personnages. Avec sincérité, Laetitia, Morgane, Charlotte et Romain nous délivrent leurs pensées, leurs peurs, leurs travers et les obstacles qui ont parsemés leurs chemins vers l’acceptation de soi. Nous apprécions également le personnage de la femme de Romain, neurotypique, qui ouvre également la parole aux proches de ces zèbres qui les comprennent et les soutiennent à leur manière dans un monde où la solitude peut parfois peser très lourd.
Nous ressortons de Zébrure, la face cachée des HPI les larmes aux yeux et le coeur gros d’une compréhension nouvelle. Dans ce spectacle, les zèbres sauront se reconnaitre et les autres sauront se laisser attendrir. Véritable hymne à l’acceptation de soi et des autres, cette oeuvre touchante est un brillant message d’espoir qu’un jour les zèbres seront reconnus pour ce qu’ils sont et acceptés tels qu’ils sont, tout comme chacun se doit de l’être.
