De Sylvie Debras, mise en scène de Mélanie Manuélian, avec Sylvie Debras. Au Théâtre Alya à 19h35 du 6 au 28 juillet (relâche les 12, 19 et 26 juillet).
D’après un article de l’OMS de 2021, on estime que plus de 40% des hommes et des femmes sont en surpoids et que les régimes alimentaires néfastes sont liés à au moins huit millions de décès par an. Et pourtant, dans notre société actuelle, nous sommes confrontés tous les jours, dans les différents médias et notamment dans la publicité, à un culte de la minceur, voire de la maigreur, qui n’a pour conséquence qu’un rapport malsain à notre propre corps. Comment évoluer dans une société qui condamne plus d’un tiers des siens au mal-être ? Dans une société qui apprend aux autres à ne pas les considérer ou pire, à les culpabiliser ? Comment s’aimer quand on n’entre pas dans les case et comment être heureux ou simplement survivre quand entrer dans les cases rime avec souffrance ? C’est ce thème dont Sylvie Debras s’empare dans son roman Grosse ! En état de grasse en 2022. Mais elle ne s’arrête pas là et sans aucune expérience en tant que comédienne, elle fonde une troupe et s’élance sur les planches pour nous partager sa vision.
Sur la scène, une petite table munie de quelques accessoires et un tabouret, un rideaux de douches en alphabet, quelques vêtements… Tout en simplicité, mais avec une petite particularité technique dans le rideau de douche qui surprendra le spectateur. La mise en scène nous permet de nous plonger dans l’univers du personnage comme si nous étions de bons amis à qui elle s’adresse avec bonhomie.
Nous découvrons l’histoire de Léa, poussée dès son plus jeune âge au régime et, dans un abécédaire ingénieux, nous voilà à partager avec elle sa vie de A comme Aliment à Z comme Zéro. Léa nous raconte sa relation avec son corps avec sérénité et non sans humour avec des jeux de mots plaisants. Malgré une arrivée tardive sur les planches, Sylvie Debras incarne avec panache une Léa spirituelle et cocasse, le tout entouré d’une gentillesse joviale. Gentille, oui, mais pas idiote, car Léa a bien conscience du monde qui l’entoure et dénonce, avec le sourire et de jolis mots, la tyrannie de l’apparence, la grossophobie et les stéréotypes sexistes qui hantent notre société, allant jusqu’à exprimer sans pudeur sa colère.
Grosse ! résonne en nous comme un appel à la révolte, mais aussi comme un hymne à l’amour de soi et de son corps. Avec humour, douceur et dynamisme, Sylvie Debras nous entraine sur un terrain glissant, mais oh combien nécessaire.
