Amalia ou le retour à la terre

Scénario : Aude Picault
Dessin : Aude Picault
Éditeur : Dargaud
Sortie : 21 janvier 2022
Genre : Chronique de vie

Amalia, c’est une femme débordée. Au travail, elle s’oblige à être une team-leader modèle. À la maison, elle s’occupe beaucoup de sa petite fille, Lili. Elle vit avec Karim, et son adolescente, Nora, quand celle-ci n’est pas chez sa mère. L’entente est difficile. Karim est sous pression. Il est employé dans une usine à pains, où la chimie remplace progressivement le blé. Nora, elle, est perdue dans les mirages des réseaux sociaux.

Aude Picault souhaitait décrire la charge mentale quotidienne d’une mère de famille recomposée, de manière simple, comme un conte de fée. Amalia, notre héroïne, va devoir faire face à un burn-out programmé : elle apprend d’une médecin qu’elle est intolérante au rendement. Elle devra dépasser ses conflits intérieurs, seule et avec l’aide de son petit monde familier, pour aller voir ailleurs, réapprendre à respirer.

Un monde qui nous ressemble

Malgré un arrière-fond futuriste/apocalyptique, nous comprenons vite que la société décrite est la nôtre, aujoud’hui. Cette famille s’autodétruit derrière des écrans, la communication est difficile, voire impossible. Les corps n’en peuvent plus, en particulier celui d’Amalia. L’auteure nous dépeint cette vie à l’aide d’un dessin aux lignes claires, qui fait beaucoup penser à Quentin Blake, connu pour illustrer les livres de Roald Dahl (Charlie et la Chocolaterie, Matilda, etc.). Comme chez l’auteur anglais, Amalia peut être lu par des grands enfants et des adultes. Il s’agit sans doute de la grande force mais également de la limite du projet, ce désir de viser très large.

Finalement moins axée sur la charge mentale que sur le besoin d’un retour à la terre, l’histoire va suivre la transformation de son héroïne. Celle-ci engage la conversation avec le voisin, dont la compagne lui explique comment faire repousser une plante morte, métaphore du récit. Amalia fait ses courses dans des petits magasins bio. La famille se retrouve dans une tiny house pour affronter leurs problèmes. Même si l’on partage l’idéal écologique et humain de l’auteure, on ne peut s’empêcher de se demander si le monde décrit ici n’est pas l’apanage d’une certaine classe de la population uniquement, et une belle utopie. Comme Amalia l’explique à Lili, la fin des contes de fées ne ressemble jamais à la réalité.

Aude Picault parvient tout de même, grâce à son beau travail sur la couleur tout au long de la BD, passant du gris déprime au vert heureux, à nous donner envie de lacher prise, pour se coucher dans les champs, en regardant les nuages passer. En rêvant à un monde meilleur, comme ceux des contes de fée.