« All The Pretty Little Horses », le rat des villes et le rat déchante

All The Pretty Little Horses
de Michalis Konstantatos
Thriller, Drame
Avec Yota Argyropoulou, Dimitris Lalos, Katerina Didaskalou, Alexandros Karamouzis
Sorti le 13 avril 2021 en VOD

Au lendemain d’un désastre, Aliki et Petros fuient à la campagne avec leur fils Panagiotis. Deux âmes perdues, dans un monde qu’ils ne connaissent pas, et qui essaient tant bien que mal de survivre et de se reconstruire.

All The Pretty Little Horses, second long métrage du réalisateur Michalis Konstantatos, se penche sur ce que peut être le quotidien de deux êtres à qui il ne reste que l’apparence comme dernier rempart contre la dépression et la folie. Suite à une expérience qui les forcent à fuir Athènes, les deux protagonistes sont projetés dans un monde rural qui leur est aussi étranger qu’hostile. Une sorte d’adaptation moderne de la fable du rat des villes et du rat des champs. Petit à petit, les façades construites par chacun se délitent et l’on découvre ce qui se cache derrière les masques.

D’un synopsis tendant vers le drame social et humain, All The Pretty Little Horses verse petit à petit dans le thriller psychologique. Une évolution que le film sous-entend évidente, mais qui souffre cruellement de l’absence d’empathie pour les personnages. Entièrement construit autour du syndrome post-traumatique de ses protagonistes, le déroulement des événements nous laisse malheureusement extérieurs au récit, tant le prologue beaucoup trop court et mystérieux empêche une quelconque identification aux enjeux et à la psyché du couple. La prestation du casting, correcte sans jamais surprendre, n’emporte dès lors jamais le spectateur.

On voudrait apprécier le film un peu plus, pour ses décors, pour ses cadrages, pour sa musique. Mais la mollesse du scénario et de la mise en scène desservent l’oeuvre, qui semble faire l’impasse sur des clés nécessaires à une compréhension plus profonde de son intention. Paradoxalement, l’oeil du réalisateur semble plus fasciné par l’architecture des lieux fréquentés par ses personnages que par les méandres de leurs états d’âme.

Un film au final assez hermétique, aux métaphores un peu trop appuyées, à l’image de cette mouche prise au piège dans la toile d’une araignée symbolisant la déconfiture prochaine des héros.

À rester dans la métaphore, All The Pretty Little Horses, malgré ses promesses, ne convainc pas et l’on en sort un peu comme de ce restaurant au personnel certes très sympathique mais où la viande n’était pas cuite et la sauce manquait de goût.